Réalisé par Andrzej Wajda. Pologne. Biopic. 1h38 (Sortie le 22 février 2017). Avec Boguslaw Linda, Aleksandra Justa, Bronislawa Zamachowska, Zofia Wichlacz, Krzysztof Pieczynsk, Mariusz Bonaszewski, Szymon Bobrowski et Paulina Galazka.
Il fut un temps, pas si lointain, où l’on inscrivait le nom d’Andrzej Wajda au firmament des "grands auteurs ". Il y côtoyait Federico Fellini et Ingmar Bergman.
En découvrant son ultime film, "Les Fleurs bleues ", il est sans doute temps de lui rendre justice.
Après un générique mémorable, qui annonce bien son sujet, la couleur de la palette du peintre contre la grisaille d’un réel morne et sans imagination, vont s’écouler en 95 minutes les dernières années terribles de Wladyslaw Strzeminski, peintre disciple de Malevitch.
Fondateur de l’école des Beaux-Arts de Lodz, auteur d’une "Théorie de la vision ", Strzeminski est un peintre d’avant-garde, un grand abstrait, un champion de la couleur. Evidemment quand la Pologne rejoint le camp soviétique, sa peinture fait "tache " et ses théories totalement opposées au "réalisme socialiste " qui triomphe en ces temps staliniens vont le conduire à vivre un véritable calvaire et entraîner tous ses proches dans sa chute.
Homme charismatique, adoré de ses étudiants, il va perdre peu à peu tous ses soutiens. Commencé dans des couleurs vives, "Les fleurs bleues " d’Andrzej Wajda perd progressivement de sa "luminosité " pour finir dans des ambiances sombres et charbonneuses.
Description implacable de la machine bureaucratique qui s’installe dans les démocraties populaires à la fin des années 1940, la vie de Wladyslaw Strzeminski est aussi l’occasion de découvrir un acteur polonais extraordinaire, Boguslaw Linda.
Pour son 65e film et dernier film, à presque 90 ans, Andrzej Wajda termine sa longue carrière par une épopée humaniste au cœur de la création artistique. Il fixe sur l’écran un destin et des personnages qui s’en nourrissent, comme celui de la "fille courage " du peintre qui assiste à ses souffrances pour ne jamais les oublier.
"Les Fleurs bleues " d’Andrzej Warda est un film classique, jamais académique, ce qui aurait été le comble pour raconter un peintre anticonformiste.
On peut dire que c’est le testament réussi d’un grand maître qu’on n’a pas fini de redécouvrir. |