Donia Berriri, alias Achille n’est pas une parfaite inconnue pour qui connaît des artistes comme Camélia Jordana, Nosfell ou Raphaele Lannadere alias L avec lesquels elle a travaillé, composant notamment une chanson pour Camelia Jordana.

Pianiste, claviériste et saxophoniste, Donia Berriri, qui écrit aussi de poèmes se lance en tant qu’auteure, compositeur et interprète, ajoutant de nouvelles cordes à son arc. Evidemment, on retrouve son âme poétique dans ses chansons, sa sensibilité aussi, évidente dès les premiers mots, son élégance aussi.

Des qualités musicales se dégagent aussi de cet album. Achille réussit à mêler harmonies anciennes et sonorités modernes. Les instruments sont nombreux, mélange de piano acoustique, de claviers analogiques et d’électronique, les influences nombreuses, de Debussy à Björk en passant par les musiques orientales. Tout est soigné chez Achille, de sa pochette de disque à ses textes ciselés. Achille sait écrire et nous parler. Ses mots ont du sens, nous interpellent, sa voix est belle et ses mélodies sont raffinées. L’ensemble est cohérent, plein de promesses pour un premier album.

Le premier titre, "Elixir", nous invite à la rêverie, l’alchimie débute parfaitement. Achille n’oublie pas ses idoles avec "Nina", rendant hommage autour de 8 strophes à Nina Simone. Elle n’oublie pas sa ville natale non plus, "Paris", qui a aussi le droit à une superbe chanson. "Paris ignore les heures, elle compte les secondes. Le temps n’a plus d’odeur quand la ville bat son plein. La Seine s’est noyée au bal des riverains. Le Louvre s’est planqué derrière la Joconde" nous dit-elle le long d’un superbe poème.

Achille saisit aussi l’actualité par le verbe, toujours en poésie, quand elle nous chante l’apatride et j’ai fui. Elle nous raconte des histoires d’amour touchantes, avec une grande sensibilité sur les titres "Il et Elle" et "Le cœur en berne". Elle invite enfin, son complice Nosfell, sur le titre "J’oublie", titre à la musique minimaliste, où les voix des deux complices résonnent dans un tourbillon de mélancolie avec comme toile de fond les attentats parisiens. Superbe chanson et de nouveau superbe écriture.

Enfin des titres plus légers complètent l’album avec au pied de mon figuier et "Venise". On se surprend à s’évader délicatement en les écoutant. Reste alors le dernier titre, "Achille", du nom du guerrier grec derrière lequel se cache Donia Berriri pour cet album. Achille a le talent pour clôturer son disque sur un titre exquis qu’il faut écouter jusqu’au bout… comme une envie que le disque ne se termine pas déjà. Comme le sentiment aussi, qu’Achille a fait le choix de terminer son premier album en renouant avec ses premiers amours, à savoir la musique.

Iris est donc un très bel album s’appuyant sur une superbe écriture. Lire le livret accompagnant le disque procure de très belles émotions. Ecouter la musique qui les accompagne n’en dégage pas moins.

Achille a désormais toute sa place dans la chanson française à textes, elle n’est plus seulement musicienne, celle que l’on remercie à la fin des livrets des disques mais une véritable artiste à part entière, celle qui aujourd’hui remercie ceux qui l’accompagnent.