Réalisé par Claudio Giovannesi. Italie. Drame. 1h40 (Sortie le février 2017). Avec Daphne Scoccia, Josciua Algeri, Valerio Mastandrea, Laura Vasiliu, Aniello Arena, Gessica Giulianielli, Klea Marku et Francesca Riso.
En prenant connaissance du sujet de "Fiore" de Claudio Giovannesi, on pourrait légitimement qu'on va voir le énième film sur une adolescente en perdition. Ce serait une erreur.
D'abord, si l'on connaît le cinéma de Claudio Giovannesi, et si l'on se souvient d' "Ali a les yeux bleus", on sait qu'il s'agit d'un cinéaste sensible dont le regard attentif sur les jeunes gens est à la fois clinique et bienveillant.
Ensuite, ici, il s'inscrit volontairement dans le sillage des "400 coups", au point de reconstituer le plan final de Truffaut quand son héros court vers la mer sur une plage.
Cet héritage, assumé et revendiqué, il en est largement à la hauteur et Daphné est une écorchée vivre vraiment dans la lignée d'Antoine Doisnel. Comme lui, elle enchaîne les conneries et déchaîne la colère des adultes. Comme lui, elle a envie d'être aimée et transforme son intelligence inutile en un instrument d'autodestruction.
Giovannesi la filme dans ses errances, mais aussi à l'arrêt, dans cette prison pour mineurs où elle va découvrir en Josh son alter ego.
"Fiore" réussit la fusion fiction-documentaire en décrivant sans excessif didactisme le quotidien d'une jeune fille enfermée et en l'inscrivant dans sa propre histoire avec un père fragile, lui aussi à peine sorti de la case prison. Sans tomber dans l'analyse sociologique pure et dure, on voit d'où vient Daphné et où elle risque d'aller...
Giovannesi réussit à donner une vraie consistance à tous les reclus et recluses au point qu'on ne sait pas qui est qui, s'ils sont de jeunes acteurs ou d'authentiques mineurs délinquants.
Reste que Daphne Scoccia porte très bien le film sur ses épaules. Pour son premier rôle à l'écran, elle est d'une rare justesse, notamment dans les scènes où elle fait face à Valerio Mastandrea qui joue son père et qui, comme dans "Fais de beaux rêves" de Marco Bellocchio, exprime une grande humanité en incarnant les perdants ou les perdus.
À l'ère du cynisme dominant, "Fiore" de Claudio Giovannesi n'abat pas de cartes spectaculaires pour décrire le parcours d'une jeune fille qui commence mal sa vie, mais dont la rage de vivre reste le seul atout en sa possession pour parvenir sinon à bon port au moins quelque part où un peu d'amour et d'affection peut l'attendre.
Un film qu'on a aimé aimer et que l'on prend du plaisir à défendre. |