Réalisé par David Farr. Grande Bretagne. Thriller. 1h26 (Sortie le 22 mars 2017). Avec Clémence Poésy, David Morrissey, Stephen Campbell, Laura Birn, Deborah Findlay, Sarah Malin, Anna Madeley et Jonathan Harden.
Au jeu des analogies, il ne sera pas difficile de trouver à "London House" de David Farr le parfum de certains Hitchcok, comme "Psychose" ou "Pas de printemps pour Marnie" ou plus encore avec "Rosemary's baby" de Roman Polanski.
C'est d'ailleurs au Polanski anglais que l'on pense le plus dans ce presque huis clos dans une maison londonienne qui aurait pu être le cadre d'un film des années 1960 baignant dans un climat pictural à la Hockney. On pourrait aussi y voir quelque chose de "Blow up" de Michelangelo Antonioni.
Pour son premier long métrage, David Farr s'est concentré sur un minimum de personnages : deux couples et une pièce rapportée, la mère de l'héroïne. Pourtant, cela lui suffit amplement pour mitonner un drame angoissant, chic et subtil.
"London House" de David Farr est avant tout un thriller minimaliste et l'on se gardera, pour ne pas nuire au plaisir du spectateur, de dévoiler toute la teneur de sa logique tordue.
Considéré comme l'un des plus prometteurs jeunes metteurs en scène de théâtre anglais depuis une dizaine d'années, David Farr réussit son passage au grand écran en s'appuyant sur la composition de Clémence Poésy.
Alors qu'elle ne pourrait être que fragilité en jouant une femme enceinte, c'est elle qui va au devant du péril constitué par ses étranges nouveaux voisins. Il y a dans son regard comme la préscience de tout ce qui va advenir et la volonté d'y foncer tête la première malgré cela...
David Farr dresse une critique de la bourgeoisie anglaise du début du vingt-et-unième siècle dans la continuité pintérienne. Rien n'a vraiment changé cinquante ans après le Swinging London et trente ans après le virage thatchérien.
Même si l'actrice principale peut être française et ses fameux voisins d'origine germanique, cet apparent cosmopolitisme ne change rien aux us et coutumes de la classe dominante, surtout quand l'enfant paraît ou disparaît.
On pourra évidemment passer totalement à côté de "London House" de David Farr en n'y voyant qu'un "petit film". Pourtant, outre sa brillante résolution, il tient constamment son sujet, sait l'agrémenter de surprises sans avoir besoin que le saugrenu ne vire à l'inévitable humour noir, ce fléau britannique.
Si l'on aime être embarqué par un scénario, on aura la satisfaction de ne pas se sentir plus intelligent que son tortueux auteur.
Qu'on se le dise, "London House" de David Farr est une œuvre accomplie. Loin d'être un simple petit thriller malin, il a tout d'un futur classique et son auteur, qui a su retenir bien des leçons théâtrales, devrait vite se tailler une réputation de "nouveau David Mamet". |