5 ans après Racing with the Sun, Chinese Man revient avec un nouvel album, Shikantaza, conçu et enregistré entre Marseille, Bombay et l’Ardèche et sorti début février sur leur label Chinese Man Records (on est jamais mieux servi que par soi même). Selon le groupe, Shikantaza est une invitation au lâcher-prise, à saisir le moment présent, un chemin vers l’éveil qu’il appartient à chacun d’emprunter. Alternant entre titres entièrement instrumentaux et titres hip-hop phrasés par divers MC, on survole plein de sonorités différentes, tantôt asiatiques, tantôt orientales, tantôt hispaniques, tantôt complétez avec n’importe quoi, je suis sûr qu’on pourra trouver ça dans l’une ou l’autre de leurs compositions.
Dans ce disque, il y a du très bien et du moins bien. Commençons rapidement par le moins bien : "Stone Cold" et "Blah!". Le premier plutôt trip-hop ressemble hélas beaucoup trop à ce qui a déjà été fait dans le style et n’a aucune originalité qui lui permettrait d’en arriver à la cheville. Le second beaucoup trop tapageur avec des MC qui sortent un peu trop la grosse artillerie n’a pas vraiment pas sa place sur cet album plutôt calme et nuit fortement à son unité. "Put your hands up in the air !" qu’on nous crie aux oreilles ! Qu’on lève les mains en l’air ? Vous êtes sérieux les mecs ?
Heureusement, la majorité du disque est de bien meilleure facture, et les plages instrumentales sont un délice. On passe d’une ambiance à l’autre, d’un "Shikantaza" japonisant à un "Warriors" très dub, en passant par un "Anvoyé" calypso ou un "Maläd" introduit par Alejandro Jodorowsky himself. Comme le dit l’artiste franco-chilien, la musique de Chinese Man a plusieurs facettes : physique, intellectuelle, émotionnelle et sexuelle.
"Step Back" nous plonge directement dans la bande son d’un épisode de Zorro à renforts de castagnettes et trompettes. "Escape" a lui bénéficié d’un clip très soigné visuellement qui nous fait suivre le départ d’un cosmonaute à bord d’une fusée depuis le compte à rebours, à renfort d’orgue et de synthétiseurs. Jouant sur les changements de rythmes qui ralentissent comme les mouvements en apesanteur, la musique sert très bien le clip et vice-versa. Un morceau stratosphérique très rafraîchissant au même titre que "Wolf" un peu plus loin dans le disque. On reste dans l’espace avec "Golden Age" : "soucoupes volantes, science-fiction, atomes, la vie future est là à nos portes mais…" entend-on en introduction. Un titre mélancolique, un peu inquiétant comme les films de science-fiction d’il y a quelques années.
"L’Aurore" est également instrumental malgré les dialogues du film de Luis BuñuelCela s'appelle l'aurore qui agrémentent. C’est là où Chinese Man se distingue par exemple d’un Wax Tailor, c’est qu’ils pimentent chacun de leurs morceaux avec des messages publicitaires, des dialogues de films ou de dessins animés, des petits bruits ou onomatopées qui donnent un côté moins sérieux et plus accessible.
Au rayon des contributions hip-hop, "Liar" et "The New Crown" sont très réussis, les samples et le flow des différents MCs se marient très bien.
"Modern Slave" et son sample de piano fait très bande son de jeu vidéo et "What You Need" où se disputent flûtes et hautbois fait très dessin animé, Chinese Man a beau être un collectif hip-hop, les morceaux peuvent néanmoins parler à des non-aficionados de ce style.
On termine en douceur cet album avec "Good Night", petite berceuse trip-hop avec des voix d’adultes et d’enfants qui nous souhaitent bonne nuit, accompagnée d’une ballade au piano toute douce.
L’artwork designé encore une fois par Julien Lois aka Ouikid est comme toujours magnifique, on y voit un DJ avec un micro en feu chevauchant une vache sacrée dans un disque entouré d’un cercle décoré très finement où apparaît le nom du groupe et de l’album.
Maniant toujours les samples avec brio, le collectif nous livre un disque plutôt homogène et reposant à quelques exceptions et faux pas près, qu’on excuse facilement vu que le disque dure plus d’une heure, une chose de plus en plus rare de nos jours.
Pour continuer l’exploration des mondes musicaux de Chinese Man, un petit tour sur leur mixcloud est indispensable, on y trouve de nombreuses mixtapes de chacun des membres, un régal pour les gourmands de découvertes en tous genres.
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