C’est devenu une délicieuse habitude que de recevoir tous les six mois dans sa boîte aux lettres le dernier livre de la merveilleuse Joyce Carol Oates. Après avoir lu avec grand plaisir les deux derniers livres de Joyce Carol Oates, celle-ci nous en présente déjà un nouveau. Après le roman Sacrifice et les nouvelles Dahlia noir et rose blanche, Joyce carol Oates nous offre un thriller pour nous montrer une fois de plus ses grandes qualités d’écriture avec Valet de pique.
Dans son dernier livre, Joyce Carol Oates nous raconte l’histoire d’un auteur de romans policiers à succès, Andrew J. Rush, père de famille heureux qui vit dans une petite ville du New Jersey suffisamment calme pour pouvoir édifier son œuvre. Il vend des millions de livres à travers le monde, jouit d’une grande réputation dans le domaine du polar. Seulement, Andrew J . rush publie aussi sous le pseudonyme du Valet de pique. Il publie des romans beaucoup plus violents sans aucune morale, d’une grande noirceur, parfois pervers et qui scandalisent autant qu’ils intriguent le monde littéraire. Personne autour de lui n’est au courant de ce Valet de pique. Andrew J. Rush jongle sur cet équilibre extrêmement fragile à travers ses deux identités.
Les problèmes commencent lorsqu’une voisine l’accuse de plagiat, Andrew choisit de se défendre en justice pour ne pas révéler son secret. L’accusatrice, une folle qui intente des procès à de nombreux auteurs, devient un véritable ennemi, pouvant révéler son double jeu. C’est sa fille ensuite qui tombe par hasard sur un de ses romans pour y reconnaître un épisode douloureux de son enfance. Elle va alors aller informer son père que quelqu’un utilise sa vie dans des livres, n’imaginant pas une seule seconde que cela puisse être lui. Survient ensuite une rumeur qui court sur l’infidélité de sa femme. A partir de ce moment, menacé d’être démasqué, le Valet de pique, de plus en plus terrifiant, va prendre le dessus sur l’écrivain à succès. Le romancier va sombrer petit à petit dans la folie.
En écrivant le livre à la première personne, l’auteure nous plonge dans les méandres du cerveau d’Andrew J. Rush, nous montrant ses faiblesses, sa chute provoquée à travers une ambiance malsaine qui croît au fil du livre. Oates se joue de nous, magnifiquement, en semant troubles et manipulations comme dans les grands thrillers, digne d’un grand film américain. On meurt d’envie de comprendre comment Andrew en est arrivé là, et, les pages défilants, pourquoi il a choisi d’écrire sous deux identités. On découvre aussi des éléments du passé d’Andrew pouvant expliquer de nombreuses choses. On en dira pas plus pour garder la formidable intrigue.
Joyce Carol Oates nous propose donc un livre haletant dans lequel on embarque immédiatement, sans vouloir en sortir grâce à une histoire diabolique qui va crescendo. Les chapitres sont courts, ce qui facilite la lecture et s’enchaînent de façon soutenue. C’est parfois drôle aussi, Joyce Carol Oates sait aussi nous faire rire dans ce livre.
Ce livre est tout simplement fascinant. Il se doit absolument d’être lu. Il symbolise parfaitement l’œuvre unique de l’auteure, stupéfiante, en qualité comme en quantité.
Une fois de plus, les éditions Philipe Rey publient un excellent livre d’une auteure américaine qui n’a de cesse de nous éblouir de par la pérenne qualité de ses écrits et sa diversité. Tellement à l’aise dans les romans et les nouvelles, Joyce Carol Oates réussit le tour de force d’exceller aussi dans l’écriture d’un thriller.
Chapeau bas madame Joyce Carol Oates.
On se revoit dans six mois pour mon plus grand plaisir. |