Comédie dramatique d'après un film de Jerry Schatzberg, mise en scène de Serge Dangleterre, avec Elisabeth Bouchaud et Jean-Benoît Terral.
"Puzzle" est une adaptation théâtre par Elisabeth Bouchaud du célèbre film de Jerry Schatzberg, "Portrait d'une enfant déchue", dont le titre original était justement "Puzzle of a downfall child".
Dépressive, retirée sur une île du New Jersey, Lou-Andréa Sand retrouve Aaron, un ami photographe avec qui elle travaillait jadis quand elle était mannequin, ou selon le terme employé dans les années 1960-70, "cover girl". Elle lui raconte sa vie. Mais dit-elle la vérité ou n'est-elle plus capable que de se mentir ?
Huis clos, où l'un écoute (Jean-Benoît Terral) et l'autre s'épanche (Elisabeth Bouchaud), "Puzzle" est un texte volontairement parcellaire où se construit peu à peu la personnalité de Lou-Andréa.
Doux, bienveillant, mais pas forcément dupe, Aaron a troqué son appareil photographique pour un crayon et un bloc de papier. Pourtant, c'est toujours en photographe qu'il se conduit, cherchant à révéler en un instantané ce qu'est vraiment son interlocutrice.
Placé dans un décor unique de Kham-Lhane Phu pouvant évoquer le fatras d'un grenier, Lou-Andréa dialogue avec son ami. Evidemment, la mise en scène de Serge Dangleterre ne peut pratiquer le flash-back qu'utilise constamment Jerry Schatzberg dans son film, ni jouer de sa caméra pour alterner les plans sur son actrice.
Il tente bien deux ou trois fois de se servir d'une vidéo, porteuse d'images du passé, mais on le sent presque gêné dans sa tentative de se mesurer au film. Au point que les vidéos sont en noir et blanc alors que "Portrait d'une enfant déchue" travaille magnifiquement les couleurs.
Au départ, Schatzberg avait demandé à Jacques Sigurd un scénario original, dont il s'est écarté pour éclater sa structure narrative et puiser plus directement dans ses souvenirs personnels de photographe de mode.
Elisabeth Bouchaud, finalement, est retournée à un scénario dialogué, presque monologué, qui gomme naturellement tout ce qu'il y a de "photographique" dans le film.
Dès lors, il faut une performance d'actrice pour suppléer la plastique de Faye Dunaway dan le film. Car le personnage de Lou-Andréa Sand est complexe, au bord du suicide, tout au moins à la dérive mentalement.
Comédienne sensible, Elisabeth Bouchaud n'a peut-être pas encore tout le métier nécessaire pour interpréter ce rôle exigeant et étouffant. On aimera sa fragilité, mais on pourra lui reprocher de ne pas la teinter d'un peu de rouerie, de narcissisme et de cette pointe d'autosatisfaction qui est la marque des stars, même en perte de vitesse.
"Puzzle" aurait dû être le portrait d'une femme exceptionnelle, la pièce propose seulement celui d'une femme à l'aube de la quarantaine. |