Comédie fantastique d'après le roman éponyme de Mathias Malzieu, mise en scène de Coralie Jayne, avec Nicolas Avinée (ou Dorel Bouzeng-Lacoustille), Clara Cirera, Mylène Crouzilles, Gabriel Clenet, Maxime Norin (ou Martin Nikonoff) et Laurent Vigreux. C’est le jour le plus froid du monde en 1874 que nait à Edimbourg le petit Jack. Et comble de la bizarrerie, celui-ci, mis au monde par le Docteur Madeleine, sage-femme un peu magicienne, naît avec une horloge à la place du coeur. Ce qui le rend plus fragile et lui interdit les émotions fortes sous peine de bloquer les aiguilles de son mécanisme. Avec "La mécanique du coeur", la Compagnie Le Moineau a adapté le roman (suivi de l’album concept) du talentueux Mathias Malzieu paru en 2007, le portant pour la première fois à la scène (après une splendide adaptation cinématographique en film d’animation musical sous le titre "Jack et la mécanique du cœur" sorti en 2014). Dès les premières minutes de ce spectacle, on est saisi par l’esthétique qui s’en dégage, fidèle à la poésie de l’auteur, ainsi qu’à la maestria de la mise en scène de Coralie Jayne qui propose des séquences d’une grande beauté, mettant en jeu toute la troupe avec une belle cohésion et une infinie délicatesse. Les maquillages évoquent Bob Wilson, le travail choral a des allures d’Ariane Mnouchkine : il n’y a que de bonnes références. L’ensemble donne à cette création une cohérence qui se prête avec perfection à ce conte fantastique. D’Edimbourg à Grenade en Andalousie, on suit donc les aventures du jeune Jack sur les traces d’une chanteuse de rue dont il est tombé amoureux dès la scolarité, Miss Acacia. Les comédiens défendront tout au long du récit avec abnégation, ce merveilleux texte sur l’amour. Laurent VIgreux (Arthur), également compositeur de la musique efficace du spectacle, Gabriel Clenet (impressionnant Joe) et Maxime Norin (formidable Méliès) servent en osmose la mise en scène de Coralie Jayne et toutes les séquences de groupe. Mylène Crouzilles est particulièrement marquante dans le rôle de l’étrange Madeleine à laquelle elle confère une présence très émouvante. Clara Cirera est une touchante Miss Acacia à l’envoûtant mystère.
Enfin, que dire de Nicolas Avinée (déjà excellent dans "Vu du pont" mis en scène par Ivo Van Hove) à part qu’il est tout simplement époustouflant en Jack. Ils ont tous la grâce et c’est beau ! Le spectacle est donc une réussite à tous points de vue et respecte fidèlement la tonalité du texte de Mathias Malzieu. Preuve en est que l’auteur a souhaité parrainer cette première adaptation théâtrale. N’hésitez donc pas à aller soutenir cette flamboyante création de La Compagnie Le Moineau (qui ne devrait pas tarder à s’envoler…) |