Quand un auteur compositeur interprète est pris en exemple, appris, repris, fredonné, meumeumé n’importe où, n’importe quand et (désolé chers compatriotes) n’importe comment, quand on s’est niqué les doigts sur des cordes pour imiter son jeu… Bref, quand il impose par sa présence alors que les croquants l’ont emporté depuis un paquet de lunes, et bien il est aisé d’en conclure que son empreinte est devenue indélébile dans le paysage musical.
Non, je ne parle pas de Michael Jackson mais de notre bon vieux Georges Brassens. Pauline Dupuy a eu l’audace de le ressusciter dans Contrebrassens, astucieux mélange de Georges et de contrebasse. Certes, elle n’est pas la première, et j’ose croire qu’elle ne sera pas la dernière non plus à garder intact le souvenir du bonhomme.
Et puis "Les amis de Georges" lui ont décerné le prestigieux Grand Prix de l’Interprétation, pourvu que Georges soit de cet avis. Il faut dire que la contrebasse donne une profondeur aux propos mesquins et aux mots géniaux du poète à la plume impertinente. Financée par le crowfunding, Pauline Dupuy nous offre également "Il n’y a pas d’amour heureux" d’Aragon et "Le Père Noël et la petite fille" adapté par Barbara. Oui, que des grands.
Conçus par Sacré Georges, chaque titre butine de fleur en fleur, déposant tantôt un bel étron fumant, tantôt une déclaration d’amour éternel. Des "Croquants", "ça tombe des nues" au "Parapluie" "Pour un coin d’paradis", en passant par "Mourir pour des idées", "l’idée est excellente" et "ah ah ah ah Putain de toi, ah ah ah pauvre de moi"… et les autres.
L’avantage, c’est que Pauline Dupuy n’essaie pas de rendre sa voix masculine, elle n’exagère pas la rugosité des sons de gorge, elle chante Brassens comme elle est : féminine. Georges aimait les femmes, Pauline Dupuy le lui rend formidablement bien dans cet album tendre et juste.
Contrebrassens hisse Brassens chez nos contemporains, elle rend un hommage à fleur de peau à cet artiste désormais inscrit dans le bréviaire de la sage chanson française, merci d’avoir rendu possible un Brassens tout en féminité. Sans la moustache. Of course.
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