Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce La fille du fossoyeur
Joyce Carol Oates  (Editions Philippe Rey)  mars 2017

En 1936, les Schwart, une famille d’émigrants fuyant désespérément l’Allemagne nazie, échouent dans une petite ville du nord de l’État de New York où le père, Jacob, un ancien professeur de lycée, ne se voit offrir qu’un travail de fossoyeur-gardien de cimetière. Un quotidien fait d’humiliations, de pauvreté et de frustrations va les pousser à une épouvantable tragédie dont Rebecca, la benjamine des trois enfants, sera le témoin.

Ainsi débute l’étonnante vie à multiples rebonds de Rebecca Schwart : après avoir épousé Niles Tignor, un homme abusif et dangereux, elle doit fuir pour protéger son petit garçon, et tenter de se reconstruire. Les villes, les métiers, les hommes défilent, jusqu’à sa rencontre avec Chet Gallagher, promesse d’un bonheur enfin possible. Mais surgit alors le désir profond, d’abord inconscient, de retrouver son passé cruel de "fille du fossoyeur", de se rattacher en fin de compte à sa véritable identité. Le destin ne le lui permettra qu’au terme d’une existence d’intranquillité, dans les dernières pages bouleversantes de ce roman.

A travers une construction narrative particulière, Joyce Carol Oates nous déroute tout au long des 70 premières pages en nous décrivant une femme rentrant chez elle depuis son lieu de travail avec le sentiment d’être suivie. On entre dans ses pensées, sans trop savoir qui elle est, dans ses doutes aussi, dans ses conversations réelles ou imaginaires. Au fur et à mesure des premières pages, on en apprend un peu sur elle, son mari, son fils et ses compétences orthographiques. Rien de plus. On est quelque peu désarçonné et Joyce Carol Oates vient nous mettre le coup de grâce en se lançant dans une nouvelle histoire qui, a priori, n’a pas grand-chose à voir avec les pages précédentes. Puis, page après page, les liens entre les deux histoires arrivent, un début d’explication s’opère. Et bam, retour en arrière encore, on retourne en 1936 lorsque la famille Schwart arrive aux USA. L’histoire de La fille du fossoyeur débute véritablement. Du moins, on l’espère…

Avec ces 70 premières pages, Joyce Carol Oates a pris un risque. Quelques lecteurs auront laissé tomber ce livre avant les 70 premières pages, perdus par ces premières pages, ils le regretteront longtemps tant le livre est sublime. Les autres qui connaissent déjà l’autrice savent que l’on n’abandonne pas un livre de Joyce Carol Oates en cours de chemin. N’ayons pas peur de l’écrire, il n’existe pas de mauvais livres écrit par Joyce Carol Oates.

L’histoire de la fille du fossoyeur commence sur un bateau qui emmène une famille fuyant l’Allemagne antisémite des années 30 pour se réfugier aux Etats-Unis. Les parents professeurs émérites, font le choix de tout perdre pour éviter la traque hitlérienne et la déportation. Le père devient fossoyeur, métier décrié et dégradant qu’il doit accepter.

Joyce Carol Oates se glisse alors dans la peau de la petite dernière, celle qui est née sur le territoire américain, la fille du fossoyeur, Rebecca Schwart. Elle nous montre les conséquences de la déchéance sociale et culturelle sur une famille à travers les frustrations du père, autrefois homme rempli d’idéaux qui devient un véritable barbare, d’une grande méchanceté vis-à-vis de sa famille, de lui-même aussi.

Evidemment, la vie de cette petite Rebecca est compliquée. Elle lutte, s’en sort tant bien que mal. On la suit le long de son enfance, après son premier mariage, lorsqu’elle devient mère, après son second mariage puis lorsqu’ elle devient veuve. Son histoire est tumultueuse, romanesque évidemment. L’histoire dans l’Histoire, comme nous la fait si souvent Joyce Carol Oates, celle de Rebecca, inspiré par la grand-mère de l’autrice, dans l’époque de l’antisémitisme, des camps de concentration, de la guerre et de l’Amérique post-guerre.

Dans ce livre, l’un des talents de l’autrice est de nous bousculer, page après page, dans un univers très souvent noir, fait de violences sociales, physiques et morales. Joyce Carol Oates s’immisce au plus profond de l’être humain en insistant sur les émotions et les sensations de son personnage principal qui font que l’on reste accroché à ce parcours si impressionnant, jusqu’à la fin du livre. Le livre se termine par un échange de lettres qui viennent refermer l’histoire de façon magistrale, apportant une note apaisée dans l’histoire tourmentée de Rebecca.

Avec ce livre, on retrouve les thèmes de prédilection de Joyce Carol Oates, à savoir les histoires de famille sur le temps long, l’amour et la fatalité. A travers l’histoire de cette fille puis de cette femme qui cumule les difficultés tout au long de sa vie mais aussi au travers de l’apprentissage des hommes, du mariage et de la maternité, Joyce Carol Oates, au sommet de son talent, nous livre les combats d’une femme dans la société américaine de l’après-guerre, faisant de ce livre un hymne inoubliable à la résilience et à la survie.

Ce roman de Joyce Carol Oates, sombre et mélancolique comme une perle noire, dérangeant et captivant, est de ceux qui compteront lorsque l’on fera le bilan de son immense œuvre.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "Le mystérieux Mr Kidder" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Le musée du Dr Moses" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Mudwoman" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Maudits" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Premier amour" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Carthage" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Sacrifice" et de "Dahlia noir & Rose blanche" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Valet de pique" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Paysage perdu" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Un livre de martyrs américains" de Joyce Carol Oates

En savoir plus :
Le Facebook de Joyce Carol Oates


Jean-Louis Zuccolini         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

Les 4 derniers journaux
- 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
- 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
- 07 avril 2024 :Un marathon de nouveautés !
- 01 avril 2024 : Mieux vaut en rire !
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=