Réalisé par Daouda Coulibaly (II). France/Sénégal/Mali. Drame. 1h35 (Sortie le 14 juin 2017). Avec Ibrahim Koma Ibrahim, Inna Modja, Quim Gutiérrez, Ismaël N'Diaye, Jean-Marie Traore, Habib Dembélé, Mariame N’Diaye et Olivier Rabourdin.

Bien que "Wulu" de Daouda Coulibaly soit une co-production franco-sénégalo-malienne, c'est indéniablement le premier grand thriller africain, un thriller dans la lignée des grands films modernes du genre, tels "Les Affranchis" de Martin Scorsese ou "Scarface" de Brian de Palma.

On pourrait aussi lui trouver une parenté avec "Un prophète" de Jacques Audiard tant le parcours de Ladji (Ibrahim Koma) est comparable avec celui du personnage incarné par Tahar Rahim.

Parti des bas-fonds de Bamako, Ladji va grimper les étapes initiatiques du guerrier bambara jusqu'à rejoindre l'ultime, celle qu'on appelle le "niveau du chien" (Wulu) où l'initié sait quelle place il doit tenir dans la société.

A l'issue de péripéties fort bien menées et bien racontées, Lajdi va donc passer de petit dealer au statut d'incontestable "parrain". Mais "Wulu" de Daouda Coulibaly n'est pas qu'un film décrivant des "gros coups tordus" dans lesquels Lajdi gagne ses galons et déjoue les embrouilles à chaque fois plus redoutables, c'est aussi un grand film politique.

Si l'on est persuadé que le Mali est un pays en guerre totale contre le terrorisme qui menace son intégrité, on découvrira dans "Wulu" que les choses sont bien différentes.

Que le terrorisme cache d'autres fléaux avec à leur tête l'arrivée des narco-trafiquants internationaux. Instructif, sur ce plan, sera la séquence où l'on verra que les combattants islamistes se fournissent en armes grâce à la drogue et qu'une partie des autorités maliennes, notoirement corrompue, sert d'intermédiaire à ce trafic.

On sera également scotché par la performance d'Ibrahim Koma, qui peut en un regard transformer sa nonchalance en détermination absolue. Autour de lui, rayonne aussi la lumineuse Inna Modja alors qu'Olivier Rabourdin rappelle qu'il pourrait être un très grand second rôle.

"Wulu" de Daouda Coulibaly est incontestablement un des meilleurs films de cette année. Les amateurs de cinéma d'action devraient se précipiter sur ce film franco-africain qui vaut par son scénario, sa réalisation et son interprétation bien des films américains. Loin de leur fabrication à la chaîne, de leurs sujets rebattus et de leur schématisme manichéen, il ouvre vraiment le continent africain au cinéma populaire de demain.