A priori, Live Nation sait tirer vite les leçons de ses faux pas : l'arrivée sur site, le samedi, est aussi facile qu'appréciable. Mais vu la chaleur de plomb qui s'abat sur la BA 217, on sait déjà que ce deuxième jour sera rigoureusement infernal.
On commence, sur la "Main stage 2", par les petits jeunes de Black Foxxes, qui nous font un moins mauvaise impression qu'à la pré-écoute. L'effet live ? Rien de bien révolutionnaire dans le son, encore moins dans le scénique, mais l'idée est plutôt bonne de les faire ouvrir la journée, avec ce rock qu'ils qualifient de "ragged" (dissonant, désagréable), et qui s'avère pourtant, selon moi, aussi propre qu'audible.
Et voici la première claque de la journée (car il y en aura plusieurs, et des belles) : Far from Alaska, qu'on avait déjà musicalement repéré, ne trahit pas notre intuition. Emmily Barreto, chanteuse survoltée, mène d'une voix de maître le rythme endiablé de ce set sans temps mort, bariolé, vintage, au son rock original et tout à fait raccord avec l'ambiance "Download". Parfait.
On traverse le site de tout son long (et c'est long) pour aller retrouver les deux musiciens porteurs du Project Black Pantera. Deuxième claque. Un son hyper saturé, bien hardcore (ça fait souvent penser à du RATM), même si "crossover" (avec l'improbable présence d'un son parfois très groove), et un scénique puissant pour ces trois musiciens (guitare-basse-batterie) qui donnent tout, visiblement, sur scène. A écouter, diffuser, programmer...
Comme la "Main stage" ne nous fait pas vraiment envie, encore, on court voir Code Orange et, bim, paf, vlan, troisième claque en trois concerts (rare rendement...). On aime leur punk hardcore au point de rester tout le concert, et d'admirer, encore une fois, la puissance du set. Les petits en sont à leur troisième album et ont déjà tourné avec les Deftones et SOAD... On comprend un peu mieux notre engouement, et la qualité évidente du moment.
De fait, après deux groupes au son bien gras, les mythiques Blues Pills arrivent à point nommé pour décontracter nos oreilles saturées. Sous un soleil de plomb qui donne au site des allures dantesques, l'ambiance mitigée du vendredi s'est radicalement métamorphosée : on foule, en souriant, un site habité de corps dégoulinants, aussi assoiffés et qu'essoufflés, mais visiblement enthousiastes. Elin Larsson transforme son blues rock parfois éthéré en prestation digne d'un concert typé "rock-metal", et enflamme la "Main Stage 2" avec une facilité confondante, en égrenant, notamment, les titres très seventies de Lady in Gold, dernier album du groupe. Une fois encore, on ne peut qu'apprécier la justesse de la programmation et de la running order.
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, et j'espère ne pas être de ceux-là. Concrètement, le metal symphonique est loin d'être mon style de musique, mais il faut dire que le set d'Epica a littéralement changé ma vision de la chose. Contre toute attente, on se trouvera bluffée par la prestation exceptionnelle du groupe, et par le scénique très "chaud bouillant" de Simone Simons, agréablement complice avec ses musiciens. On redoutait le chant lyrique, et on l'a admiré tant dans sa justesse que dans son intégration parfaite au metal finalement très complexe d'Epica. La bonne surprise du jour.
De telle sorte que le set de Paradise Lost paraît un peu terne à côté de la débauche d'énergie des groupes qui les ont précédés – la chaleur tonitruante y est sans doute pour quelque chose. Mais cette première impression est vite balayée par le déroulé très pro d'un set là pour mettre essentiellement en avant les (très bons) titres de leur dernier album, The Plague within. C'est donc pour l'instant un incroyable sans-faute musical – et certains savent que nous avons pourtant, parfois, la dent dure.
Les Five Finger Seath Punch, et leur leader Ivan Moody, nous auront épargné une énième polémique (préférant la jouer quelques jours plus tard, à Tilburg, aux Pays-Bas) pour ce Download. Si l'on n'est pas tout à fait fan de leur heavy metal parfois maladroit, le scénique l'emporte largement, porté par l'attirail vestimentaire des musiciens, le jeté frénétique de médiators, et la forme en tous points mortelle du micro. Un show sympa à photographier, telle sera ma piètre conclusion.
Comme on n'est accrédité ni pour Slayer, ni pour System of a Down, puisque la "Main Stage 1" est réservée pour les photographes liés aux médias partenaires de Live Nation et du Download Festival par la même occasion, on prend notre dernière claque musicale de la journée avec Solstafir. Outre le fait que le leader du groupe, Aðalbjörn "Addi" Tryggvason traîne dans le pit et accueille quelques photographes, le set de Solstafir donne une dimension bien plus brute et énergique à Berdreyminn, leur dernier album, dont l'écoute m'avait laissée sur ma faim. Le look des trois compères ajoute à l'ambiance exceptionnelle du moment, ternie malheureusement par le son dix fois trop fort de Slayer qui parasite l'attention du public et agace fortement. Peu importe, Solstafir déroulera sans broncher un set merveilleux et généreux devant des fidèles comblés.
Je n'ai pas honte de le dire : je suis venue au Download en priorité pour voir System of a Down, qui est LE groupe de mes vingt ans. Mais on m'a mise en garde dès l'après-midi : "ah, tu vas être déçue". Alors je faisons la courte : subjectivement, ce set était idéal pour moi qui ai pu hurler incognito dans la communauté de fidèles massés dans le public les paroles de l'album Toxicity, largement joué. Oui, vibrer sur "Chop suey" sera un moment concrètement inoubliable. Objectivement, les choses sont moins glorieuses : les morceaux se sont enchaînés à une vitesse scandaleuse, Serj Tankian a clairement perdu sa voix d'antan, certains arrangements rendaient quelques morceaux méconnaissables... J'arrête là, car je préfère donc ne retenir que le bon, dans cette journée en tous points parfaite, musicalement comme humainement. |