Très différent du précédent album, A Space Without Corner, le projet solo et anglophone d'Armelle Pioline s'est transformé en chemin en un groupe d'expression française à trois têtes. Si, sur scène, le groupe continue à s'articuler principalement autour d'Armelle Pioline, il faut désormais compter avec les trouvailles sonores de Michel Peteau à la guitare ainsi qu'avec la voix et musicale présence de Julie Gasnier.
Après deux EP qui annonçaient ce virage, L'Angle Vivant vient confirmer la direction désormais adoptée par le groupe, une folk minimale et poétique. Ou, du moins, peut-on rapidement l'étiqueter ainsi.
Lorsqu'Armelle Pioline avait accepté d'interviewer Stuart Moxham, des Young Marble Giants, pour Froggy's Delight, on avait cru à un alignement des astres favorable à la suite d'une erreur dans l'envoi des mails aux membres de l'équipe. Finalement, à l'écoute de "L'Angle Vivant", on découvre un lien bien plus profond entre ce disque et le "Colossal Youth" des gallois.
Dès le premier morceau de l'album, une reprise de "Un baiser, une bombe" de David Lafore à l'architecture droite comme du Auguste Perrey et pourtant délicate, Superbravo fait flotter le spectre de la chanson française au-dessus des ruines de la pop. Alors que depuis plus de dix ans de nombreux groupes cherchent le succès en flirtant avec la nostalgie du son de la new wave ou de la synyhpop eighties, Superbravo en extrait la sève.
Sous une apparence presque anorexique et un jeu économe, Superbravo vise d'abord l'anticonformisme à travers ces treize chansons à la sensibilité crépusculaire et érotique.