Nouvelle sensation anglaise de l'année, James Blunt s'en va-t-en guerre contre…la guerre justement. Et publie un Back to Bedlam qui casse l'image du chanteur engagé aux grandes valeurs morales idéalistes.
Des bons sentiments, de l'humour et un sourire ravageur, voici James Blunt en interview au siège de la Warner.
Toutes les biographies vous concernant en parlent, vous venez d'une famille fortement imprégnée de la culture militaire... Mon père est militaire mais je ne suis pas devenu un grand songwriter pour autant ! Comment êtes vous devenu musicien exactement ?
James Blunt : En fait, mon père ne ramenait pas l'armée toute entière à la maison le soir ! Nous déménagions tous les deux ans, mais ça n'a pas empêché ma mère de m'initier à la musique classique. Le violon à 5 ans, le piano à 7, mais le vrai déclencheur reste la découverte de la guitare électrique à 14 ans, beaucoup plus rock'n roll que le piano. Toutes ces leçons et ces théories… très ennuyeux.
Alors, bilan des courses…Plutôt piano ou guitare ?
James Blunt : Aujourd'hui j'arrive à prendre du plaisir avec les deux, si je se puis dire…Un piano peut remplir l'espace et se suffire. Mais la guitare est définitivement plus facile à transporter en voyage, donc… La musique est tout le temps en moi, et ça depuis l'age de 14 ans. Même si j'ai dû m'engager dans l'armée assez jeune, j'ai toujours été confiant, et l'idée de devenir musicien ne m'a jamais quitté.
A l'armée on ne m'a pas surnommé "The Music guy" pour rien quand même ! L'armée a été une expérience très enrichissante et m'a aidé à payer mes quatre années d'université… Mais la vie est courte, et j'ai finalement composé les chansons de ce premier album.
Quelles musiques ont bercé votre enfance au bout du compte ?
James Blunt : J'ai fait mon éducation musicale avec deux cassettes de mes parents, une des Beatles et l'autre des Beach Boys, pas "Pet sounds", sûrement un best of… Mais la première grosse découverte fût le "Wish you were here" des Pink Floyd, puis les albums échangés à l'école, les Led Zeppelin, The Pixies...
"Back to Bedlam" laisse apparaître une naïveté et une innocence proche des Beatles non ?
James Blunt : Effectivement cet album est avant tout positif, avec de vraies émotions. Mais pour autant je ne pense pas que cela se ressente dans mes compositions. Toutes ces notes sont juste calées dans un coin de ma tête…
Ce titre sur l'album, "So long Jimmy" est évidemment une dédicace à Hendrix. Pourquoi avoir choisi ce guitar hero et pas John Lennon ou même U2, des artistes très pacifiques ?
James Blunt : Comme tout enfant des 60' , j'ai grandi avec la guitare de Jimmy Hendrix, ou la poésie de Jim Morrison… Ce sont de merveilleux souvenirs et une partie de mon enfance. C'est en arrivant à Los Angeles pour enregistrer mon album que j'ai pris conscience que c'était mon tour ! Je n'étais jamais rentré dans un studio avant cela…. Tom Rothtock (Ndlr : Producteur entre autre d'Elliot Smith et Beck) m'a convaincu d'enregistrer cet album à L.A., et vu que j'avais adoré XO d'Elliot Smith, je me suis dit que c'était le bon endroit pour commencer !!
Autres paysages, autres cultures… Que retenez-vous de votre mission en tant que militaire dans les Balkans ?
James Blunt : (Soupir…) La même impression qui se dégage de toute guerre…La campagne, les Serbes et les Croates qui s'entretuaient, des génocides et la destruction. Une impression générale de fin du monde. Et notre rôle était "simplement" de promouvoir la paix à travers le pays, quelques fois seulement avec une guitare, et la plupart du temps avec des tanks…
Cette étape de votre vie a sûrement influencé certaines chansons de Back to Bedlam non ?
James Blunt : Une chanson comme "No bravery" ne serait sans doute pas sur l'album sans mon passage au Kosovo c'est certain…Ce n'est pas seulement une protest song contre la guerre, mais aussi sur les relations humaines et la façon de se comporter face au danger. Pour en revenir à la guerre en général, je ne crois pas qu'il y en ait de bonnes, simplement des enjeux financiers ou politiques comme en Irak par exemple.
Mais s'il fallait rempiler pour une mission humanitaire je le referais immédiatement….Serbes et Croates nous remerciaient tous d'être présent pour les aider, c'est l'essentiel pour moi. Les femmes voulaient nous épouser !!
Pour finir sur une note positive, un album à écouter en boucle ces jours-ci, excepté le vôtre bien sur…
James Blunt : "Wish you were here" du Floyd, tout Cat Power, The Killers, un très bon groupe américain et Elliot Smith, definitely…
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