Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Octave Mirbeau, mise en scène de Patricia Piazza-Georget avec Patricia Piazza-Georget, Charlotte Piazza et Cécile Carton (en alternance Emma Brest).
C'est dans un décor unique, représentant la chambre où elle est logée, que Célestine (Patricia Piazza-Georget) raconte la dure condition de domestique à la fin du 19ème siècle.
Le plus souvent en chemise de nuit en tissu blanchi, elle imite ses maîtres et ses maîtresses. Elle n'est pas seule sur scène : deux autres "femmes de chambre", plus jeunes, elles aussi en chemises de nuit blanches, l'écoutent et partagent ses récits.
L'une danse parfois (Cécile Carton en alternance avec Emma Brest), l'autre (Charlotte Piazza) est le plus souvent allongée, et réclame que Célestine, à son écritoire, vienne fermer la lampe à pétrole.
Dans sa mise en scène, Patricia Piazza-Georget paraît très influencée par un certain cinéma fantastique. On entend quelques bruits inquiétants, la lumière n'éclaire souvent qu'une parte de la scène, créant un climat angoissant. Il y a une parenté avec les films de la Hammer qui se passait dans un Londres gothique et où l'on pouvait voir des filles blondes comme Charlotte Piazza, promises au couteau de Jack l'éventreur ou aux dents du Vampire.
La référence n'est pas abusive car, dans sa libre interprétation du roman de Mirbeau, Patricia Piazza-Georget a choisi d'aller vers le "gore". Finie l'ambiguité naturaliste de l'original. Ici, le sang coule et la vengeance sociale n'est pas loin.
On pourrait dire que cette femme de chambre et ses deux compagnes qui devraient suivre ses traces annoncent les sœurs Papin. Elles sont d'ailleurs plus proches du discours des "Bonnes" de Genet que du "Journal d'une femme de chambre" de Mirbeau.
La très grande liberté prise par Patricia Piazza-Georget n'est-elle pas une trahison de l'auteur des "Affaires sont les affaires" et du "Journal d'une femme de chambre" ou tout au moins un contresens sur sa description radicale du sort des femmes du peuple à l'ère de l'industrialisation capitaliste ?
Reste que si les connaisseurs de Mirbeau seront perplexes, Patricia Piazza-Georget déploie une belle énergie, chante Fréhel avec cœur, donne à Célestine un visage volontaire, marqué très nettement au sceau d'un féminisme qui supplée la colère sociale du roman.
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