Réalisé par Ann Hui. Hong Kong. Drame. 2h10 (Sortie juillet 2017). Avec Zhou Xun, Eddie Peng Lau Wallace Huo, Paw Hee-ching, Jessie Li et Tony Leung.
Hong Kong. Drame. 2h10 (Sortie juillet 2017). Avec Zhou Xun, Eddie Peng Lau Wallace Huo, Paw Hee-ching, Jessie Li et Tony Leung.
Hong Kong, vingt ans de cinéma. Une ville hypnotique, des néons multicolores qui se reflètent sur les trottoirs mouillés.Des bars, où l’on joue, où l’on drague, où l’on se bat. Des âmes en peine qui dérivent dans la ville moderne. Des policiers corrompus, des malfrats qui vivent dans la violence.
Avec le Cycle Hong Kong, vingt ans/vingt films, la Cinémathèque française dresse le panorama d’un cinéma qui a révolutionné les années 1990. Un cinéma de l’excès et de l’intime.
Parmi les vingt œuvres proposées, quelques-unes sont bien connues en France : "The Grandmaster" de Wong Kar Wai, étrange film elliptique aux accents d"’Il était une fois en Amérique" de Sergio Leone, "Infernal Affairs" d’Andrew Lau et Alan Mak, dont Martin Scorsese tira ses "Infiltrés", "Time and Tide" de Tsui Hark, grand chorégraphe de films de gangsters. Mais il y aura aussi beaucoup de surprises et de découvertes durant ce cycle éclectique.
Ann Hui est l’une des cinéastes mises à l’honneur durant cette sélection, qui s’ouvre avec son dernier film en date, "Our time will come".
Durant les années 1940, un groupe de résistants œuvre contre l’occupant japonais. Il y a un intellectuel, féru de poésie, un patriote qui tue sans sourciller, une jeune femme courageuse qui entre en lutte, suivie de près par une mère protectrice et têtue…
Autant de personnages dont les destins se recoupent. Un choix plutôt logique, donc, pour ouvrir un cycle célébrant Hong Kong.
"Our time will come" d’Ann Hui est une œuvre pleine de bonnes intentions. La cinéaste est manifestement touchée par ses personnages ; elle cherche à rendre compte d’un quotidien gangréné par la peur, où les dilemmes les plus terribles se posent à ceux qui ont fait le choix de résister.
C’est d’ailleurs cette représentation du quotidien, dans la première partie du film, qui en est l’élément le plus convaincant : Ann Hui est à l’aise dans les scènes entre la mère et sa fille. Trouver de la nourriture, se protéger des pillards et des violeurs… Ce sont ces scènes qui nous font le mieux pénétrer dans l’atmosphère de ces années de violence.
Toutefois, la délicatesse d’Ann Hui est amoindrie par une mise en scène assez académique. Tout est extrêmement soigné, mais le souffle à la fois épique et intime qu’elle cherche à y insuffler ne vient pas.
L’entremêlement des histoires finit par nuire au rythme du film : on ne sent guère passer les années, croître la fatigue. Au fond, chacune des trajectoires racontées pourrait, à elle seule, constituer un film. Réunies de la sorte, elles ont un goût d’inachevé.
Ainsi, la confrontation entre l’amateur de poésie et un général japonais, lui aussi attiré par les belles lettres. Les deux personnages ont peu de scènes ensemble ; on ne sent pas se nouer entre eux le lien que la trahison du résistant devrait briser. Aussi la scène où le général le démasque manque-t-elle d’intensité : il aurait fallu suivre davantage l’évolution de cette relation ambigüe. Décrite de manière si courte, elle relève davantage de l’anecdote.
La nature, enfin, est extrêmement présente dans le film. Montagnes, forêts, plaines ou lacs, les beaux paysages dans lesquels les personnages évoluent laissent finalement une impression plus forte que l’intrigue qui s’y déroule. Face aux années d’occupation de la ville, la cinéaste montre une nature vivace, éternelle, protectrice où les personnages peuvent trouver refuge.