Monologue dramatique de Michel Monnereau d'après l'oeuvre éponyme de Octave Mirbeau interprété par Catherine Artigala dans une mise en scène de Jean-Pierre Hané.
Depuis sa publication en 1900, "Le Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau n'a cessé d'être adapté au cinéma et au théâtre.
Ce monologue d'une "bonne" qui raconte sa condition ancillaire et comment elle va la quitter est propice à la théâtralisation.
On a vu récemment la version qu'en a tirée Patricia Piazza-Georget et qu'on avait qualifiée de "gore". Celle de Michel Monnereau suit plus fidèlement la trame du roman et cherche à l'élaguer pour mettre en valeur sa comédienne.
Et sur ce point, l'objectif est atteint : Catherine Artigala est Céleste. De son arrivée, valises en main, jusqu'à son départ où la bonne se fait à son tour maîtresse critique des femmes de chambre, elle raconte, elle se raconte. C'est tout un pan de l'histoire sociale française des siècles passées qui s'ouvre devant le spectateur.
Il y lira ce mouvement irrémédiable vers les villes du petit peuple et sa soumission à la bourgeoisie régnante sous la troisième république. Il y verra comment la violence sourd dans un monde guidé par l'âpreté au gain et la défiance entre classes sociales.
Peut-être que Michel Monnerau a gommé un peu de cette "lutte des classes" qui est le moteur du roman de Mirbeau, grand roman politique où l'on sent encore les relents de l'Affaire Dreyfus, Joseph le cocher que va épouser Céleste étant antisémite et projetant d'ouvrir un "petit café" pour les "Patriotes".
Mais dans son monologue, Céleste dit l'essentiel de manière elliptique : il faut toute la subtilité de Catherine Artigala pour que le personnage n'apparaisse pas antipathique selon les critères "politiquement correct" d'aujourd'hui, d'autant plus pour quand elle se fait complice muette d'un possible crime.
On soulignera la qualité du travail de Jean-Pierre Hané, homme à tout faire de cette "femme de chambre" qu'il habille, éclaire et dirige avec l'évidence donnant à cette version apparemment modeste une réelle force qui convainc. |