Conte musical de Lina Lamara, mise en scène de Cristos Mitropoulos, avec Lina Lamara et Pierre Delaup.
Si l'on aime l'ambiance des contes orientaux, et que l'on a une seule et belle heure à leur consacrer plutôt que mille et une nuits, c'est sous la tente qu'elle a dressée sur scène qu'il faudra rejoindre Lina Lamara.
Petite jeune femme pétulante et bienveillante, elle accueillera tous ceux qui n'ont pas d'oeillères et peuvent comprendre qu'une fillette née en France puisse rêver en compagnie de sa grand-mère Mouima d'un pays perdu dont elle ne se souvient plus que des bonnes choses, du miel et du soleil.
Conteuse aux grands yeux réjouis, Lina Lamara possède "La Clef de Gaïa", celle qui ouvre les cœurs de tous les humains, de tous les êtres épris d'amour plutôt que de haine.
Mais si, dans cet univers mythique et chaleureux, la grande Oum Kalsoum rayonne de tout son chant majestueux, elle peut laisser sa place à Mister James Brown lui-même. Lina est aussi rock'n'roll, soul et blues qu'arabo-andalouse. Son chant est vif et toujours joyeux.
Guitare posée sur le genou, la mine un peu contrarié des rêveurs éveillés, Pierre Delaup l'accompagne. On aurait aimé d'ailleurs les entendre chanter davantage tant leur association paraît naturelle et propice à des créations de qualité.
Mais Lina Lamara préfère raconter sa famille et son enfance, ce qui n'est pas désagréable, bien qu'on ait quelquefois l'impression que ses
récits sont communs à tous ceux qui sont originaires de l'Afrique du Nord. Smaïn ou Michel Boujenah pourraient ainsi être ses initiateurs, eux qui sont porteurs des mêmes anecdotes.
Pourtant, Lina Lamara a le petit plus d'être une femme, d'être dégagée de toute démagogie masculine et d'être guidée par une petite flamme intérieure, celle que lui a transmise Mémé Mouima.
Mention aux lumières de Maxime Roger qui permettent à Lina et Pierre de jouer la proximité avec leur public et à la mise en scène de Cristina Mitropoulos qui, subtilement, parvient à canaliser le feu qui bouillone dans cette conteuse hors pair au sourire imparable. |