Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Qu’importe l’instrumentarium pourvu qu’on ait l’esthétique et son résultat. La Tène est un trio franco-suisse emmené par Alexis Degrenier (vielle à roue amplifiée), D’incise (harmonium indien, électronique) et Cyril Bondi (percussions).

Vielle à roue ! Je vous vois déjà faire les gros yeux mais la musique du groupe est plus proche des musiques répétitives et transcendantales que des musiques traditionnelles (qui ne se définissent heureusement pas simplement par un instrument, aussi évocateur soit-il).

Une musique qui n’a strictement rien de minimaliste, mais qui est répétitive, comme chez Steve Reich, pulsionnelle. La Tène travaille sur chaque timbre, sur chaque résonnance, sur la densité sonore et tout cela sur la longueur, deux titres seulement comme dans le premier Vouerca/Fahy sorti en 2016, qui s’allongent comme un long mantra. Une dilatation temporelle qui amène à une interprétation sonore différente. Il y un fluide, une énergie, un son continu amenant à une certaine transe, un ostinato rythmique qui entre au plus profond de vous et qui fait tambouriner le cœur et le crâne, un bourdon, des mélodies modales qui évoluent imperceptiblement. Et c’est là que réside la force de cette musique, d’abord forcément d’interpeller avec le choix de ces timbres et d’évoluer sans que l’on s’en rend vraiment compte. Car oui qu’importe les instruments, l’important est le ressenti.