A ceux qui pensent que les musiques traditionnelles ou à danser sont dans le même état que la Simca Aronde ornant la pochette de ce disque, ils se mettent le doigt dans l’œil bien profond, jusqu’à l’omoplate.

Enfin débarrassées de l’encombrant et idiot adjectif de folklorique (et de tout l’imaginaire qui va avec), ces musiques retrouvent une véritable vigueur entre respect du passé et ouverture au temps présent. Et encore parler de retrouver de la vigueur serait honteusement oublier des groupes comme Aksak, La Nòvia, La Compagnie du Rigodon, Le Quartette Drailles, Terre-Neuvas, un collectif aussi actif qu’Hart Brut / Pagans (avec des groupes comme : 1 Primate, Aronde, Artús, D’En Haut…) et tous ceux qui se battent (oui qui se battent) au jour le jour depuis des années pour continuer de faire vivre ces musiques au temps présent.

Aronde, c’est la réunion de répertoires de traditions orales auvergnats et gascons. Cela ne vous parle peut-être pas mais ces territoires sont un peu une sorte d’eldorado et un foyer vivace très important des musiques traditionnelles. Pas une confrontation mais l’association, la jonction de ces deux répertoires géographiquement et esthétiquement différents via deux univers musicaux forts : d’un côté Clémence Cognet (violon, chant, Shruti-box...) et Noëllie Nioulou (violoncelle, violon) que l’on retrouve dans l’ensemble les poufs à cordes et de l’autre Romain Colautti (contrebasse, boîte à bourdon, chant, percussions…) et Tomàs Baudoin (chant, tambourin à cordes, rebec…) du groupe D’En Haut.

Une plongée moderne dans les répertoires et pratiques traditionnels (branles, rondo, bourrées…) pensée comme un moyen d’expression créatif, une liberté, qui parle forcément du territoire dont elle est issue. Se mêlent ostinato rythmiques, bourdons, richesse des timbres, harmonies et voix. Si nous voulions faire des raccourcis bien trop faciles et donc forcément partiellement vrais, nous pourrions dire qu’Aronde joue des (et avec les) musiques traditionnelles comme si c’était de la pop. De la musique populaire, à écouter et à danser. La boucle serait donc bouclée.