Réalisé par Léonor Serraille. France/Belgique. Comédie dramatique. 1h17 (Sortie le 1er novembre 2017). Avec Laetitia Dosch, Grégoire Monsaingeon, Souleymane Seye Ndiaye, Léonie Simaga, Nathalie Richard, Erika Sainte, Lilas-Rose Gilberti-Poisot, Audrey Bonnet et Marie Rémond.
Il y a des films qui sont des dates pour des comédiennes. Avec "Jeune femme" de Léonor Serraille, Laetitia Dosch, qui avait marqué les esprits avec "La Bataille de Solférino" de Justine Triet, où elle mangeait l'immangeable Vincent Macaigne, s'installe dans le cinéma français pour un sacré bout de temps.
Pour elle, il y aura un avant et un après Paula. Comme elle triomphe aussi au théâtre, avec "Un Album", où elle reprend le seul-en-scène là où Zouc l'avait laissé, on pourra même dire que l'année 2017 sera son année de référence.
"Jeune femme" de Léonor Serraille est un film qui aurait pu tourner court, et susciter les redondants compliments que l'on fait au premier film d'une réalisatrice douée. Car, quand Laetitia Dosch apparaît sur l'écran, elle a tout pour être une héroïne féminine "border line", dont on va suivre le lent mais fatidique parcours vers une structure psychiatrique "ouverte" où elle rencontrera l'âme sœur.
Mais Léonor Serraille n'est heureusement pas Laurence Ferrara-Barbosa ou autre Laetita Masson et elle n'a pas eu envie de faire de Laetitia Dosch une nouvelle Valeria Bruni-Tedeschi ou un avatar de Sandrine Kiberlain.
Dans "Jeune femme", Paula se prend en main et, si sa vie est comme la boule de flipper de la chanson, elle vaut le coup d'être vécu. Ici, mine de rien, on assiste à la naissance d'un personnage rare dans le cinéma français : la fille qui se prend en main et qui n'attend pas le prince charmant pour que sa vie pourrie change. Et elle a un sacré courage, Paula, puisqu'elle est capable d'illuminer sa chambre de bonne, d'en faire les starting-block blocks d'une vie en devenir.
Tout est mouvant dans ce qui pourrait être un mélo, mais si l'on verra pour bien le prouver une séquence du "mirage de la vie" de Douglas Sirk, on que ce film magnifique aurait pu tout aussi bien s'appeler "miracle de la vie".
Paula est un yoyo qui cultive les bas après les hauts, se fait chasser ou adouber, reconnaître ou démasquer. Mytho par intermittence mais jamais menteuse, elle s'accroche à tous ceux qui lui font confiance sur un malentendu ou sur un hasard malicieux.
La route sera semée d'embûches et le résultat sans doute aléatoire. Qu'importe, on est rassuré pour elle : ce qu'elle résout pendant le film, c'est la garantie qu'après sa fin, elle s'en sortira enfin.
On n'oubliera pas ses périlleuses retrouvailles avec sa mère, jouée par une Nathalie Richard à son meilleur. On l'aimera en baby-sitter déjantée et en vendeuse de lingerie très appliquée.
Bref, "Jeune femme" de Léonor Serraille est une vraie surprise dans ce cinéma français d'auteur si balisé. On espère vraiment que ce premier film ne passera pas inaperçu et que sa fantaisie délicate convaincra ceux qui préfèrent la gentillesse solaire au cynisme "weisnteinien" incarné cette semaine par le tape-à-l'oeil "Mise à mort du cerf sacré" de Yorgos Lanthimos. |