"Qui aurait pu croire qu’il arriverait ça ?" a dit Lise, quelques minutes après son concert à l’International, mercredi 8 novembre dernier. Qui aurait pu croire à ces chansons, à ce genre de musique, à cette assurance, à ce public ?
Retour en 2011, car l’équipe de Froggy’s Delight suit la jeune chanteuse depuis ses débuts et son premier album. Dans un studio à Pantin, elle présente sa musique, au piano, et c’est sa voix qui impressionne. Sa personnalité séduit. La critique est enthousiaste. La Rochelle, pour les Francofolies, la même année, c’est une standing ovation quasiment dans le théâtre de la Verdière pour saluer une artiste qui a médusé toute la salle par son émotion, sa voix cristalline, ses mélodies et son audace à jouer avec les miroirs et les rouleaux de scotch.
7 ans plus tard, Lise gagne le prix public du concours Gate Up des Inrocks. Tenori-on en main, synthés pour l’entourer, elle s’est créée un autre univers. Explosif, dynamique, dansant, heureux, joyeux, pétillant ! Ce soir-là, à l’International, le répertoire est principalement en anglais et électronique. Fait par une autre, ç’aurait pu être trop pop, irritant. Mais c’est du Lise. Un monde à part, une voix à part, une présence aussi. Le public la rejoint, s’amasse. Une vingtaine au début, puis la magie opère, l’évidence, et on triple le nombre de spectateurs. Ils dansent, ils applaudissent. Des femmes, beaucoup plus d’hommes. Des 20 ans, des 30 ans, des 40 ans. Subjugués, tous. Qui aurait pu croire qu’il arriverait ça ? La mutation de sa musique, le prix des Inrocks, les spectateurs en nombre, l’explosion d’énergie, l’assurance, la sensualité… Peu de monde, effectivement. Qui pourrait croire que ça s’arrêtera là ? Absolument personne !
Avant d’écrire ma chronique, j’ai relu celles que nous t’avons consacrées chez Froggy’s Delight et, effectivement, de la Rochelle à l’International mercredi dernier, il y a eu tant de chemin parcouru ! Quel regard portes-tu sur ton parcours depuis ton premier album ?
Lise : J'emprunte un chemin escarpé genre GR de montagne, mais il suit exactement mes envies, il va où je veux et il y a une très belle vue plus je prends de la hauteur. J'ai sortie un EP en collaboration avec Mathias Malzieu dont je suis fan. Je suis partie vivre à Brooklyn où j'ai également sorti des disques en collaboration avec American Anymen. Et j'ai énormément appris de la scène antifolk New yorkaise.
Aujourd'hui, je suis bien accueillie à mon retour à Paris avec le prix du public du concours Gate UP des inrocks. Je suis ravie.
Le fait de privilégier les synthés et le Tenori-on au détriment du piano, c’est tout d’abord une question pratique, je crois : ce n‘était pas forcément évident de trouver facilement des lieux pour chanter qui pouvait accueillir un piano ou en prêter un. Mais finalement, maintenant, ne te sens-tu pas plus à l’aise dans ce répertoire plus pop ?
Lise : Oui, je savais que je pouvais faire pleurer les filles avec mon piano mais ça a été une révélation de voir que je pouvais aussi faire danser les gens ! Maintenant, j'essaie d'explorer ces deux univers émotionnels. Un truc intime et la fois la possibilité de se connecter et de libérer son énergie par la danse. Je fais des chansons dansantes pour introvertis.
Je suis totalement incapable de comprendre l’anglais à l’oral. Du coup, je profite de cette interview pour te demander si tu peux m’expliquer de quoi parlent généralement tes chansons… Où trouves-tu l’inspiration ?
Lise : Elles parlent d’amour ! Beaucoup de désir aussi, et de mes expériences intimes, un peu logique puisque elles en sont le résultat et le conducteur. Mais aussi de féminité, d'émancipation, de liberté. Et je chante toujours aussi en français sur les mêmes thèmes.
A chacun de tes concerts, j’ai pu entendre les réactions de nouveaux spectateurs, qui te découvraient. A chaque fois, outre ta voix qui émerveille systématiquement surtout lors de chansons comme "Moon", c’est ton charisme, ton univers qui fascinent. Est-ce que tu le ressens, en as-tu conscience et travailles-tu aussi là-dessus particulièrement ?
Lise : J'ai conscience qu'il y a eu prise de pouvoir notamment grâce à ma position en scène et que le public y est sensible. J'ai l'impression que ça fait du bien de voir une femme maîtriser des machines, chanter et danser de façon personnelle décomplexée. Et oui c'est quelque chose que j'ai envie d'affûter à tous les niveaux de ma démarche artistique.
Quand on sort de tes concerts, on a une pêche incroyable, l’impression que la vie est joyeuse, pétillante ! Un vrai antidépresseur ou un euphorisant ! Est-ce qu’on peut espérer pouvoir écouter bientôt des morceaux sur un album ou un EP ?
Lise : Je l'espère ! En tout cas, on peut toujours venir à mes concerts ! Il y aura toujours de nouvelles chansons et de nouvelles chorées ! Mais c'est vrai que je suis musicienne alors j'ai beaucoup de raisons d'être heureuse, et j'ai envie de partager et transmettre cette énergie. En plus, plus on la partage plus on en a ! C'est une belle leçon.
Pour découvrir Lise ou la revoir, ce sera maintenant le 1er février au FGO Barbara. |