Biopic écrit et mis en scène par Filip Forgeau, avec Soizic Gourvil et Jean-Michel Fête.
Dans cette chambre où elle a tenu à faire rapatrier le corps de Pierre mort en 1906, la tête écrasée par une voiture à cheval un jour de pluie, elle lui parle et son fantôme soudain apparaît. Ils poursuivent ainsi ensemble la conversation de toute une vie d’amour et de recherche commune. Physiciens découvrant le polonium puis le radium quelques années plus tôt en 1868, ils sont visités de prémonitions, conscients l’un et l’autre du mal que leurs inventions peuvent engendrer comme cette sublime scène où Marie fait un cauchemar prophétique sur des désastres à venir. L’écriture poétique et d’une profondeur insondable de Filip Forgeau donne aux deux comédiens Soizic Gourvil et Jean-Michel Fête une partition de toute beauté qu’ils restituent avec beaucoup de sensibilité et de puissance dans une mise en scène d’une fulgurante incandescence. Soizic Gourvil est une très convaincante Marie Curie. Qu’elle s’adresse à Pierre, qu’elle soit habitée de songes ou fasse des discours officiels, à bout de souffle elle s’investit et joue sa vie dans cette recherche permanente, elle qui a toujours eu l’ambition de travailler "pour et avec le peuple". Jean-Michel Fête est un Pierre à la fois léger comme une ombre et grave comme le chercheur et le compagnon. La pièce montre à la fois leur passion amoureuse et celle de la science. Après le très réussi "Hugo, de père en filles" la saison dernière, Filip Forgeau continue à bâtir avec sa compagnie, la Compagnie du Désordre, une œuvre essentielle et singulière. Un travail d’une profondeur, d’une esthétique et d’une qualité comme on en fait peu. Et il livre avec "La chambre de Marie Curie" un remarquable spectacle nimbé d’un amour infini
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