Spectacle jeune public écrit par Fabrice Melquiot, mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota, avec Suzanne Aubert, Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Sandra Faure, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krahenbühl, Gérald Maillet, et Walter N’guyen.
C’est Alice, installée au milieu des spectateurs et affublée d’un manteau de pluie qui conte elle-même son histoire. Elle qui est maintenant une enfant de 152 ans. Pour cette recréation de l’œuvre de Lewis Caroll, Fabrice Melquiot, dont le compagnonnage avec Emmanuel Demarcy-Mota dure depuis de nombreux spectacles, revisite le texte original en respectant les différentes étapes du voyage d’Alice mais en donnant également à la célèbre héroïne plus de caractère et une capacité à se rebeller face au monde des adultes. Dans "Alice et autres merveilles", il fait également télescoper l’histoire d’Alice avec d’autres contes tels Pinocchio, Le Petit Chaperon rouge ou Les Trois petits cochons. Et parsème son récit de poésie brute. L’ensemble est proposé par Emmanuel Demarcy-Mota dans un superbe écrin aux effets visuels et sonores impressionnants avec une très belle scénographie d’Yves Collet et les costumes délirants de Fanny Brouste sur une pataugeoire géante inondée de pluie qu’Alice devra affronter. Pour cette Alice "singin’ in the rain", on retrouve clairement l’univers visuel de Bob Wilson, à qui Emmanuel Demarcy-Mota emprunte même une des musiques de scène signée Philip Glass, dans un beau travail d’ombres et de lumières d’Yves Collet et Christophe Lemaire. Le metteur en scène rend également un hommage aux Pink Floyd en reprenant "Another brick in the wall" et en faisant apparaître des flamands roses pour la partie de croquet. Il y a beaucoup de musique dans ce spectacle, dont une très belle reprise de "Mad world" du groupe anglais Tears for Fears. Toute la troupe du Théâtre de la Ville, Suzanne Aubert en tête qui est une épatante Alice, nous entraîne dans cette fantaisie délirante et renversante où Alice doit s’affirmer au cours des différentes épreuves qui lui sont proposées, dans des scènes courtes qui donnent du rythme à ce spectacle. Au terme de ce voyage, où Alice aura croisé la route des personnages étranges et absurdes, ceux de Lewis Carroll mais aussi d’autres merveilles égarées, on n’en saura pas plus sur son identité mais il restera un goût marqué de mélancolie dans ce monde dénué de sens.
Un beau périple à faire donc dans cet univers splendide, aussi merveilleux qu’inquiétant, proposé par le duo Demarcy-Mota/Melquiot.
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