Pour cette deuxième journée ensoleillée au Fort de Saint Père, tout en haut de l'affiche, le seul, l'unique, le mythique The cure pour sa seule date française.
Rien que cela valait la peine du déplacement de hordes de fans ultimes de l'hexagone comme d'outre-Manche.
Mais, il ne faut pas oublier le groupe qui monte, The Raveonettes et les nouveaux qui frappent à la porte.
The organ
Le premier concert est celui de The Organ, quintet féminin canadien, dont le premier album Grab that gun vient de sortir en France et dont c'est la première date en France.
Programmation évidente le jour du concert de The Cure qui figure parmi une des influences majeures de cet album cocktail particulièrement réussi de new wave et de post-punk qui est une vraie réussite.
Ce groupe de post riot grrl a choisi le son des 80's de The Cure et des Smiths pour nous asséner des fulgurances nostalgiques et désenchantées sans appel, des morceaux concis et efficaces que l'on retrouve fidèlement en concert même si les influences précitées semblent moins prégnantes en live.
Parmi les musiciennes très statiques, seule la chanteuse Katie Sketch , au physique androgyne qui n'est pas sans rappeler, en brune, Natacha de AS Dragon, et à la voix et la scansion singulière bouge sur scène.
Certains regretterons sans doute le côté non "spectaculaire" du concert et gloseront sur le fait que le concert ne soit "que" l'interprétation live de l'album. Il est patent que le format et le registre choisis par The Organ ne peuvent se prêter à des divagations d'interprétation.
D'autant que si du fait de son jeune âge, Katie Sketch n'est pas encore aussi charismatique que Morrissey, elle manifeste un potentiel et une présence dont il ne faut pas faire abstraction. Il n'en demeure pas moins un très bon concert et des morceaux comme notamment "Love, love", "Brother" ou "Memorize th city" ont su, de plus, capter l'attention du public.
Il est donc impératif de revoir ce groupe en live peut être dans un cadre plus intimiste.
>>>La conférence de presse de The Organ
Colder
Projet du français Marc Nguyen Tan, Colder œuvre dans la cold-wave et l'électro dub allemand sur lesquelles il pose sa voix atone et sa silhouette impassible.
Si l'on passe le premier cap de l'apesanteur un peu réfrigéré qu'il nous impose, on peut découvrir des compositions originales qui alternent entre minimalisme et préciosité.
Cela ajouté au format des morceaux militent en faveur de concerts dans des endroits plus intimistes même si le concert s'achève avec des morceaux plus noisy qui interpellent davantage le public. Une bonne raison de se montrer curieux et découvrir son 2 ème album Heat.
>>>La conférence de presse de Colder
The Raveonnettes
Les danois Sune Rose Wagner, guitare-chant, et Sharin Foo, basse-chant, ont créé The Raveonettes, un groupe de rock garage qui suit un dogme en 3 points : 3 minutes par titre, 3 accords, si mineur. Devenu quintet, le groupe est venu présenter ce soir au complet leur dernier album en date, dont la sortie en France se fait attendre (fin septembre à priori), Pretty in black.
Le groupe a bien changé depuis leur premier album Whip it on. Les titres courts et incisifs à la Jesus and Mary Chain, noisy à souhaits et reluquant vers le rock'n'roll des 60's à fait place à des titres plus ouverts même si les années 60 ne les ont pas lachés.
Ce soir le concert sera un mélange de ces nouveaux titres, dont certains enregistrés avec des pointures des années 60 telles que Moe Tucker du Velvet Underground ou encore Ronnie Spector elle-même.
Mélange de chansons rock sucrées et de sons plus noisy, les Raveonettes, comme pas mal de groupes lors de ce festival nous offre un show en forme de best of (déjà malgré qu'ils n'aient que 3 albums à leur actif), avec suffisamment d'anciens titres pour que le public sache se repérer et quelques nouveaux afin de lui donner l'eau à la bouche.
La présence de 3 vrais musiciens en plus des deux leaders du groupe permet à la musique des Raveonettes de s'ouvrir, de s'épanouir, les bandes préenregistrées étant reléguées au placard.
Un concert forcément trop court, mais les Raveonettes seront les bienvenus pour présenter en tournée leur Pretty In Black qui s'annonce comme un classique du genre.
The Cure
Ne réveillons pas les morts !
Le public est venu nombreux, et pas seulement composé de clones gothico-new fétish pas chic qui ont arboré leurs plus jolis haillons et équipements capillaires, pour l'unique pélerinage en France du millésime 2005 de The Cure.
Si Robert Smith fait ses balances en Tshirt noir et bermuda, il revêt ses plus beaux atours pour se présenter devant les fidèles, tout de noir vêtu, petit nœud bleu, imposant, visage livide, masque mortuaire.
Bob devenu sa propre caricature, preuve d'un grand sens de l'autodérision, devant des musiciens qui en font des tonnes : un guitariste au pull dont les manches imitent des tatouages,un bassiste qui esquisse des pas de danse stéréotypés avec ses croquenots goth ou enfourchant son instrument dans une pose qu'il veut suggestive.
Le concert dure près de 2 heures. Il paraît long, interminable, comme une litanie qu'on récite par coeur sans même se soucier du fond. Une grande messe avec ce que cela comporte de convenu.
Curieusement, ce ne sera qu'au second rappel, quand il jouera ses tubes incontournables, "10:15 saturday night" et bien sûr "Boy's don't cry", 2 titres qui ont plus d'un quart de siècle c'est tout dire sans lesquels The Cure en serait pas The Cure, une fois le maquillage fondu épongé, qu'il retrouvera son vrai visage humain, un peu bouffi mais humain, et qu'il sourira.
>>> La conférence de presse de Robert Smith au Festival International de Benicassim 2005
! ! !
La soirée va s'achever avec des points d'exclamation qui vont faire chavirer le Fort de Saint Père.
Voir et écrire sur ! ! !, groupe américain au nom imprononçable, est un véritable régal et le point d'exclamation qu'il a pris pour emblème est particulièrement judicieux même s'il leur a été inspiré par la traduction des claquements de langue des bushmen dans le film "Les dieux sont tombés sur la tête" de Jamie Uys.
Né du croisement improbable de 2 groupes pratiquant le disco (The Black Liquorice) et le punk (Popesmashers), les 7 musiciens de ! ! ! pratiquent un rock punk percussif particulièrement sophistiqué qui casse la baraque !
Sur scène, leur set relève autant du délire que de l'hystérie, de la compulsion que de la démence, du dance floor que de l'expérimentation, un peu dans la même veine que les Go Team passés récemment au Printemps de Bourges mais en vitesse surmultipliée.
Et là où ils sont particulièrement forts, c'est que sous couvert de ce qui pourrait apparaître de prime abord, et surtout d'une oreille distraite, une épouvantable cacophonie de potaches, ! ! ! fait dans la performance scénique et dans le brio technique.
Et le chanteur, Nick Offer, en mocassin, Tshirt et short, est à la démesure de l'ensemble. Il ne reste pas une seconde en place, saute, chante, danse, crie, marche, va slamer dans le public, monte sur les pylones, ahane, harangue, hurle, apostrophe pendant que les montées en puissance des beats
Spécale dédidace au batteur, au look Grandaddy, qui se révèle aussi bon showman et chanteur, se rapprochant de Beck période Midnight Vulture.
Sorte de machine sonique à exploser les tympans et arracher les cordes vocales, ! ! ! impose ses déflagrations soniques qui tireraient de la léthargie même Robert Smith en plein concert de The Cure.
La rythmique semblent tenues par les cordes alors que les percussions s'autorisent toutes les fantaisies sans aucune limite, les musiciens échangeant leur poste, les uns finissant un morceau commencé par un autre. Deux yeux ne suffisent pas à tout voir car en plus tout va très très vite !
A 3 heures du matin, le groupe réussit à transformer le fort de Saint Père en véritable dance floor sur laquelle même les bénévoles de la croix blanche se sont laissés entraîner.
C'est totalement jouissif et roboratif. Pas la peine de prendre de l'ectasy ou de s'énerver sur son cubi de gros rouge. Vous reprendrez bien un peu de ! ! ! ? |