"Le matin, en dormant j'entends des voix. Lueurs à travers ma paupière. Une cloche est en branle à l'église Saint-Pierre. Cris des baigneurs. Plus près ! Plus loin ! Non, par ici ! Non, par là ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne aussi. Georges l'appelle. Chant des coqs. Une truelle racle un toit. Des chevaux passent dans la ruelle. Grincement d'une faux qui coupe le gazon. Chocs. Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la maison. Bruits du port. Sifflement des machines chauffées. Musique militaire arrivant par bouffées. Brouhaha sur le quai. Voix françaises. Merci. Bonjour. Adieu. Sans doute il est tard, car voici que vient tout près de moi chanter mon rouge-gorge. Vacarme de marteaux lointains dans une forge. L'eau clapote. On entend haleter un steamer. Une mouche entre. Souffle immense de la mer." Fenêtres ouvertes, Victor Hugo.
Horace disait que la poésie est comme une "peinture?". Elle est un moyen de nous rapprocher du monde réel, de le redécouvrir, de l’aimer. Ce disque du batteur Vincent Touchard se veut une "ode à la banalité et à la simplicité. La vie dans une résidence pavillonnaire (...) Insuffler de la poésie dans cet univers qui en est a priori dépourvu".
Pour son premier album, il a rassemblé autour de lui une formation jazz : saxophone alto et clarinette (Jonathan Orland), contrebasse (Philippe Monge), piano et wurlitzer (Stéphane Tsapis) auxquels s’ajoute un violoncelle (Florimond Dal Zotto) et parfois une section de bois (Benoit Roulet au hautbois, Juliette Adam à la clarinette et Antoine Berquet au basson).
Il se dégage de ce disque une vraie sensibilité, des mélodies mnémoniques, un groove tout en subtilité, des harmonies travaillées et un délicat lyrisme, pour ce qui est plus un disque de groupe qu’un disque de batteur pur. Des accords stylistiques qui sont le fruit de ses influences (jazz, pop, rock, classiques, musiques nord-africaines) où les styles se mêlent, s’entrecroisent où aux sonorités jazz du quartet saxophone, piano, contrebasse, batterie se joint la rondeur du violoncelle.
Vincent Touchard travaille les harmonies, les atmosphères, jouant souvent sur la corde sensible. On pense parfois à une sorte d’impressionnisme moderne, à ce qui pourrait être par exemple l’accompagnement du Paterson de Jim Jarmusch. Un disque plein de belles rondeurs, comme du velours, foncièrement poétique.
On n'a jamais été aussi proche de Noël !! une raison comme une autre pour se faire plaisir et faire plaisir aux autres en (s')offrant quelques belles choses à découvrir dans notre sélection culturelle de la semaine. Des disques, des livres, des jeux, des expos, des films, des spectacles... à découvrir ci-dessous.