Comédie dramatique de Alex Lorette, mise en scène de Adrien Popineau, avec Frédéric Baron, Florent Hu, Jade Fortineau et Maxime Le Gac Olanié.
En mettant en scène "Géographie de l'Enfer", le texte d'Alex Lorette plein de non-dits et d'énigmes inspiré de "L'Enfer "de Dante, Adrien Popineau a conçu un projet audacieux autour d'une scénographie de Fanny Laplace qui délimite l'espace de jeu par quatre bancs pour clore cet espace hors du temps où tout va se jouer.
La configuration quadri-frontale permet au public d'être au plus près des acteurs comme autour d'un ring de boxe. Le tout dans des éclairages efficaces d'Hugo Hammann et rythmé par la bande son inquiétante de James Champel.
C'est une tension semblable qui entoure ces personnages : trois laissés-pour-compte dont on sait peu de choses, vivant en autarcie dans un monde rural, au milieu de la nature depuis au moins une dizaine d'années et ce personnage échoué là par accident, vêtu d'un costume Gucci qui représente la ville et la richesse.
Toute la première partie du spectacle est particulièrement bien réussie, le jeune metteur en scène parvenant à créer une vraie ambiance et à y installer une tension palpable jusqu'au malaise. La rencontre de l'Homme avec les autres personnages ménage ce qu'il faut d'ambiguité pour créer un vrai suspens. Le texte laissant planer suffisamment de mystère pour être rééllement captivant.
L'effet s'estompe quelque peu par la suite, est-ce à cause de personnages trop stéréotypés ou parce que la trame narrative se fige soudain ? La belle écriture d'Alex Lorette laisse entrevoir un virage poétique, hélas vite avorté et la suite balance entre un réalisme à l'américaine (on pense à Steinbeck, Miller ou même Horovitz dans "Le baiser de la veuve") et un côté onirique avec quelques moments forts aboutis.
La fin, un peu trop prévisible, peine un peu à convaincre mais il n'empêche qu'il y a beaucoup de qualité dans cette fable cruelle aux confins du fantastique servie par quatre comédiens formidables (Frédéric Baron, Jade Fortineau, Florent Hu et Maxime le Gac Olarié) dans un univers fort et singulier. |