Monologue dramatique de Rémi De Vos interprété par Juliette Plumecocq-Mech dans une mise en scène de Christophe Rauck.

Agressé dans un bar pour une raison qu'il ignore, un homme est au sol et parle. Avec "Toute ma vie j'ai fait des choses que je savais pas faire", Rémi De Vos décortique le mécanisme de la peur et donne à ce personnage discret et taiseux une soudaine volubilité pour dire enfin ce que la terreur finit par faire ressurgir chez lui.

Pour ce monologue, Christophe Rauck dirige Juliette Plumecoq-Mech qu'il connaît bien pour avoir travaillé avec elle dans de nombreux spectacles, lui offrant un rôle mascuin, elle qui peut tout jouer, passant à travers ce monologue, du clown (dans les vaines gesticulations de l'impuissante victime qui se débat) à la plus profonde impassibilité lorqu'il prend du recul sur sa situation jusq'à devenir son propre témoin.

Le metteur en scène invente pour ce texte si particulier la forme du "monologue allongé", performance physique d'abord pour la comédienne qui ne quittera pas le sol pendant près d'une heure (ce qui nécessite des abdos à toute épreuve) et dont le public ne verra souvent le visage qu'à l'horizontal, et technique ensuite, pour garder le fil de ce flot de mots que l'Homme déverse de façon quasi ininterrompue.

Et c'est là qu'éclate le talent de cette singulière comédienne qu'est Juliette Plumecoq-Mech, brillamment guidée par Christophe Rauck. Parvenant à superposer plusieurs registres de jeu, elle ne cesse d'étonner dans ce récit atypique.

La musique classique comme dans "Orange mécanique" sert de contrepoint à la violence omniprésente et donne un surcroît d'étrangeté à cette spirale vocale. Sans parvenir à expliquer la raison de cette agression gratuite, le texte, tout en détaillant le compte-rendu factuel de minute en minute confère à ce personnage une ironie du désespoir mordante et irrésistible.