Monologue dramatique conçu et interprété par Stanislas de la Tousche d'après les textes de Louis-Ferdinand Céline dans une mise en scène de Géraud Bénech.
Pour "Céline, derniers entretiens", Stanislas de la Tousche a puisé dans les Cahiers afférents aux années 1957-1961 du romancier Louis-Ferdinand Céline, qui compilent notamment interviews et lettres, pour proposer un (auto)portrait de l'écrivain à travers ses propos qui se combine avec une approche de la mythologie célinienne.
Rien n'est simple avec Céline, l'atrabilaire libertaire et pourfendeur de la bourgeoisie et du capitalisme, auteur jouissant d'un statut pour le moins paradoxal, simultanément reconnu comme l'un des auteurs majeurs du 20ème siècle et honni de manière violente, même plus d'un demi-siècle après sa mort, pour ses pamphlets antisémites.
D'autant que sa personnalité s'avère complexe tant elle fusionne de manière kaléidoscopique l'homme, né dans un milieu défavorisé, celui de la pire pauvreté, celle de "la pauvreté digne", nourri à "la nouille", seul aliment qui ne dégageait pas une odeur néfaste pour le travail de la mère ravaudeuse de dentelles anciennes, l'écrivain de Meudon et le psychotique atteint d'un délire de persécution, dont il joue en partie sans doute, qui s'est forgé une image d'ermite persécuté.
Quelques images d'archives en fond de scène, les lumières crépusculaires de Rémy Chevillard, et s'anime une silhouette ratatinée dans un fauteuil. Avec un étonnant et édifiant mimétisme physique, Stanislas de la Tousche réussit, sous la direction de Géraud Bénech, tant une ébouriffante composition ébouriffante q'une sidérante incarnation de Céline se prêtant au jeu de l'interview. Point de questions, juste des réponses.
Intelligent, roué et doté d'un goguenard humour à froid, l'homme manie tant le sarcasme et la provocation que l'autodérision pour évoquer son enfance, ses expériences de sa vie d'homme, le travail de galérien qu'est l'écriture, la littérature dont il dresse un jubilatoire panorama critique et ses faux pas politiques.
Et quand, en épilogue, un journaliste s'installe sur le plateau pour sonder "in vivo" le bonhomme, seules demeurent ses paroles enregistrées car son fantôme a déjà regagné ses éternels pénates laissant intactes les virulentes polémiques qui accompagne son nom.
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