Comédie satirique écrite et mis en scène par Samule Valensi, avec Michel Derville, Paul-Eloi Forget, Alexandre Molitor et Maxime Vervonck.
Depuis qu'il est petit, Paul-Eloi a bâti tout son parcours sur la performance. Il s'est toujours fixé des objectifs. Et maintenant qu'il vient d'être nommé directeur commercial dans une société qui travaille à l'international, il entend bien les dépasser.
Il change de statut, achète un appartement mais un grain de sable soudain va tout faire dérailler. Un autre parcours du combattant démarre alors pour échapper à la spirale infernale du déclassement et du surendettement...
"L'Inversion de la courbe" c'est le portrait d'un jeune homme d'aujourd'hui formaté par la productivité à outrance. C'est relaté à la façon d'un conte par l'intéressé lui-même avec une pointe de naïveté.
Pour sa première pièce, Samuel Valensi propose avec "L'nversion de la courbe" une plongée dans le monde de l'entreprise par le prisme d'un commercial qui ne jure que par la compétitivité. Encouragé sans cesse par le injonctions de son chef à être toujours plus performant. Injonctions martelées aussi par un coach sportif dans la salle où il se rend régulièrement.
La pièce décrit avec beaucoup d'humour un monde régi par les diktats de l'entreprise, aux discours stéréotypés et inhumains ; un univers dominé par une avalanche de chiffres et le jargon truffé d'anglicismes de la vente
Paul-Eloi n'a pour seules distractions que les rendez-vous avec ses deux amis d'études (dont l'un aux idées radicales pour faire baisser le chômage) et les visites à son père malade qu'il fait sans grande conviction.
Autour d'un vélo d'appartement posé au milieu du plateau, et des lumières judicieuses d'Anne Coudret, les quatre comédiens jouent avec foi le fabuleux destin brisé de Paul-Eloi, remettant en cause l'existence même de ce système voué à l'échec humain.
La particularité de la distribution : les personnages portent les prénoms des comédiens. Paul-Eloi Forget est donc Paul-Eloi, juste et touchant. Les trois autres endossent chacun plusieurs rôles. Michel Derville est aussi émouvant en père que cruel en pdg.
Maxime Vervonck est tour à tour froide ou poignante. Idem pour Alexandre Molitor, glaçant en jeune loup programmé pour la réussite ou hilarant dans ses divers personnages comme l'ami impétueux ou le conseiller Pôle emploi.
Critique mordante et convaincante d'une société qui tourne à l'envers, "L'inversion de la courbe" est une belle surprise qu'il ne faut pas hésiter à aller découvrir. |