Non mais quelle claque ! Une claque due à la puissance que dégage ce disque, à ses atmosphères et à l’écriture de Théo Ceccaldi.
Mais qui est Amanda Dakota ? C’est la liberté, les cheveux au vent, tout en cuir cloutés mais l’esprit glam et romantique. C’est le mot jazz tagué au rouge à lèvres. Ce sont des jarretelles qui claquent en syncopes. C’est Ken le survivant rencontrant Public Image Limited, Zappa, Dominique Pifarély, John Zorn et Thomas de Pourquery (même puissance, même magnétisme). C’est le marqueur d’une musique de son temps, de celle qui cherche toujours à se réinventer, à aller vers autre chose. C’est du violon déviolonisé, avec de nouvelles couleurs, assez loin de l’imagerie qui le caractérise. Le musicien Français pousse l’instrument, cherche à élargir au maximum sa palette de dynamiques, de timbres et de nuances.
Amanda Dakota, c’est une musique pleine de contrastes et d’expressions différentes. La force d’une architecture travaillée et d’un groupe cohérent (avec Benjamin Dousteyssier au saxophone alto & baryton, Quentin Biardeau au saxophone ténor et claviers, Giani Caserotto à la guitare électrique, Valentin Ceccaldi au violoncelle et Etienne Ziemniak à la batterie).
Un travail sur la profondeur des structures. Une recherche formelle qui irrigue depuis toujours la musique de Théo Ceccaldi. Les musiques devrions-nous dire tellement le musicien est multiple (en trio, avec le collectif Tricollectif, avec le quartet La Scala, avec la Loving Suite pour Birdy So de Roberto Negro ou le Power Trio In love With de Sylvain Darrifourcq, avec le Velvet Revolution...).
Révélation de l’année aux victoires du jazz 2017, Théo Ceccaldi montre avec ce disque une virtuosité instrumentale, des choix esthétiques assumés, cette volonté de développer son propre langage, de marier le feu, le lyrisme, de belles mélodies et une écriture pointilleuse. Pièce angulaire du disque, "Nu sur le rivage" concentre toutes les caractéristiques de sa musique. Cette confrontation entre tension et détente, ces nuances, cette énergie. Mais d’autres titres comme "Tchou Tchou", "Amanda Dakota", "Coquette Rocket", "Escalator Over The Bill" (ah ah ah...), "Oh mon dieu" sont du même acabit. Un disque intense qui se termine dans le calme avec le fauviste "Bonne Nuit Madame". Classe ! Nous terminons sur les genoux, éprouvé, heureux. Oui définitivement une superbe claque par un excellent disque !