Comédie dramatique de Xavier-Valéry Gauthier, mise en scène de Diane Calma et Xavier-Valéry Gauthier, avec Brontis Jodorowsky, Juliette Croizat, Christophe Labas-Lafite, Antoine Cafaro, Diane Calma, Manuel Martin et Xavier-Valéry Gauthier.
Aux termes de la note d'intention de Xavier-Valéry Gauthier relative à sa partition au titre polysémique, "Affaires courantes" a été conçue comme un trois-en-un autour du thème de l'argent avec une forte résonance proverbiale.
En effet, elle propose une satire de l'ultralibéralisme où l'argent n'a pas d'odeur, une parabole tragi-comique sur l'ordre socio-économique du monde contemporain dans lequel tout s'achète et tout se vend et un drame humain, illustration de "l'argent ne fait pas le bonheur".
Avec une écriture clinique au scalpel qui flirte du côté des champions en titre, de Mick Bartlett à Marius von Mayenburg, teintée de l'humour féroce de l'un et de l'humour noir de l'autre, Xavier-Valéry Gauthier a composé une partition articulée autour des chapitres de la chute d'un grand capitaine d'industrie archétypal par son cynisme et son obséquiosité qui, au plan intime, se révèle un homme en crise psychologique profonde à défaut de résilience d'un traumatisme personnel.
Ainsi Achille Harlay de Thou, patron fondateur de la multinationale AHdT International & Corporation, leader sur le marché de l’essuyage industriel, dont le papier hygiénique constitue le fer de lance, connaît une réussite insolente qui lui donne le droit de vie et de mort sur ses salariés et lui assure une puissance financière qu'il utilise comme une arme de destruction massive des volontés et des convictions mais l'argent ne guérit pas tout.
Xavier-Valéry Gauthier, également au jeu dans le rôle de l'avocat d'affaires sans état d'âme, assure avec Diane Calma, épatante en directrice de communication, une mise en scène au cordeau dans la sobre, impersonnelle et efficace esthétique attachée notamment aux éléments de mobilier du design italien de la scénographie d'Erik Nusskicker.
Ces affaires courantes sont parfaitement dispensées par Manuel Martin, Christophe Labas-Lafite et Antoine Cafaro, en ouvriers licenciés faisant office de régisseurs pour les changements à vue rondement menés, Juliette Croizat en ambigüe figure féminine, et Brontis Jodorowsky investi du rôle du personnage central dont il négocie idéalement les étapes psychologiques du dévoilement.
Une belle réussite. |