Full House - The Very Best of Madness
(BMG) novembre 2017
"Hey you, don’t watch that, watch this, this is the heavy heavy monster sound…" Le gang de Camden publie son… 13ème best of… compilation de ses 16 albums (incluant 4 live) dont le premier One step beyond date de 1979. Groupe culte de la scène britannique toutes époques confondues, que peut-on retenir de cette énième compil, que nous ne connaissions déjà ?
Tout d’abord, s’il existe encore un amateur de brit pop qui ne possède pas encore sur ses étagères un best of de Madness, l’occasion est belle de s’offrir un bien joli disque autant dans le packaging que dans la flopée de tubes imparables sur lesquels chacun d’entre nous a un jour pogoté et two-stepé. Initialement signé sur le mythique label ska 2 tone, le groupe sortira finalement son premier LP One step beyond chez le concurrent Stiff Records, avec le fulgurant succès planétaire du titre éponyme. Suivront quatre années de folie douce pour le groupe qui égrènera un chapelet de tubes, pour s’en convaincre il suffit de jeter un œil à la liste… "One step beyond", "My girl", "Bed and breakfast man", "Night boat to Cairo", "Baggy trousers", "Embarrassment", "Grey day", "It must be love", "Our house"… Nombreux sont les patrons de labels qui auraient rêvé de s’offrir ne serait-ce qu’un seul de ses tubes…
Comment alors expliquer un tel engouement ? Premier ingrédient : Madness, c’est d’abord un condensé de la pop anglaise sixties combiné avec la furie et la gouaille rageuse du punk et post-punk seventies, sur fond de sonorités exotiques empruntées à la Jamaique de Kingston et de ses exilés des régions de Coventry et Birmingham.
Second ingrédient : le charisme des membres du groupe, décomplexés, déconneurs, se jouant de tous les codes vestimentaires de l’époque, rude boy, skinhead, suedehead, smoothie, trojan, Perry, Lonsdale et Sherman… avec pour tête de proue l’attachant Graham "SUGGS" McPherson, mais aussi l’entraînant Lee Thompson au sax et Mike Barson aux claviers, à la déconnade et à coup sûr barmaid en chef du groupe !
Saupoudrez le tout de textes à connotations sociales, de petites histoires du quotidien, le boulot, les parents, les potes, les fins de mois difficiles, les matins gris et pluvieux, leur héros Prince Buster, les filles, cette pourriture de Thatcher… c’est d’ailleurs cette proximité avec la middle-class qui fit de ces rude-boys, des working class heroes, adulés et adorés outre-Manche.
Le groupe connut à partir du milieu des années 80, des zones de turbulences, séparations diverses, intégration incessante de membres ponctuels, faiblesses des morceaux, projets solos, changement de vie pour certains, reformations…
A l’annonce en 2012 d’un nouvel album Oui, oui, si, si, ja, ja, que pouvait-on attendre d’un groupe (reformé de ses membres originels) n’existant qu’au travers de sa gloire passée, écumant les scènes de show best-of ? La surprise fut autant immense qu’inattendue à la découverte du sublime single "Never knew your name", considéré par les puristes du groupe comme l’un des plus beaux et plus touchants de leur discographie.
Retour en grâce pour les Madness, que l’on retrouva lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres interpréter "Our house", aux côtés de toutes les figures emblématiques de la Grande-Bretagne, 007, Beatles and Stones, Mister Bean, Big Ben, Cabs, Union Jack, God Save the Queen… ce qui nous fera dire que Madness est bien plus qu’un groupe, Madness is England…