C’est un florilège de couleurs que nous propose Michaël Uras dans son dernier livre, La maison à droite de celle de ma grand-mère, paru dernièrement aux éditions Préludes. Michaël Uras est un jeune auteur, professeur de lettres, qui s’est fait connaître notamment avec son roman Aux petits mots les grands remèdes. D’origine sarde par son père, c’est vers cette île qu’il nous embarque dans son quatrième roman. Une Sardaigne où l’on voit des maisons de toutes les couleurs, des rouges, des vertes, des bleues et des vertes aussi, comme celle de la grand-mère de Giacomo, le personnage principal du livre.
Giacomo a quitté la Sardaigne pour venir s’installer à Marseille où il est traducteur de profession. Il est en train de traduire une version inédite de Moby Dick quand la Sardaigne le rappelle car sa grand-mère, la Nonna (grand-mère en italien) est sur le point de s’éteindre. Retourner en Sardaigne est toujours pour lui un mélange de plaisir mais aussi de douleurs. Revenir en Sardaigne, c’est pour lui retrouver cette grand-mère qu’il chérit, sa principale confidente, celle en qui il a une grande confiance. Revenir en Sardaigne, c’est aussi pour lui retrouver ses parents, sa mère qui gueule autant qu’elle lui porte d’amour, son père le taiseux, son fidèle ami d’enfance, Fabrizio et le mystérieux capitaine, une des figures de l’île. Revenir en Sardaigne enfin, c’est aussi revoir son oncle envahissant, Gavino, la superbe doctoresse, Alexandra, qui prend soin de sa grand-mère et l’épicière du village dont il était éperdument amoureux quand il était jeune.
Au fil des pages, on se rend compte de la tristesse de Giacomo, qu’elle n’est pas seulement liée à la santé de sa grand-mère. Ses plaies sont nombreuses et bien profondes. Giacomo nous embarque dans ses souvenirs pour que l’on comprenne mieux ses peines, ses remords et ses regrets. Sa plaie principale vient de son cœur, de sa situation amoureuse, de son amour perdu. Les nombreux personnages du livre, parfaitement écrits, tentent, chacun à leur manière, de venir en réconfort au chagrin de Giacomo.
Michaël Uras nous propose donc une chronique familiale autour de laquelle gravitent des personnages touchants dans un décor merveilleusement décrit. La maison à droite de celle de ma grand-mère est aussi une ode à la Sardaigne, un formidable dépliant littéraire touristique qui nous donne une envie folle d’aller visiter cette île. Michaël Uras nous décrit des paysages superbes, nous raconte l’histoire et la vie d’un petit village sarde au travers de son climat ensoleillé, des habitudes de vie des populations et de la gastronomie.
Michaël Uras nous embarque dans cette histoire, avec l’aisance de sa belle écriture, sans vraiment nous offrir une réelle intrigue. Il n’empêche qu’il réussit néanmoins à nous surprendre avec une fin triste, comme une bonne partie du livre qui est souvent mélancolique, qui nous permet de mieux comprendre la complexité de cette famille tout en éclairant certains passages du livre qu’on avait au début pu prendre comme anecdotiques.
La maison à droite de celle de ma grand-mère est donc un livre plaisant, plein de mélancolie que l’écriture lumineuse de l’auteur réussit à atténuer.
Pour moi, jusqu'à présent, la Sardaigne m’évoquait immédiatement une grande auteure, Milena Agus. Avec la maison à droite de celle de ma grand-mère, la Sardaigne vient de recruter un nouveau digne ambassadeur en la personne de Michaël Uras. |