Petit livre mais immense plaisir de lecture avec le dernier livre de Julien Bouissoux, Janvier, publié aux éditions de l’Olivier, qui est sorti en janvier dernier. J’avoue aimer de plus en plus ces livres courts, autour des 150 pages, que l’on peut lire d’une traite, en se posant un peu plus d’une heure au fond d’un canapé après une journée de travail.
Et la journée de travail, c’est un peu le sujet du livre de Julien Bouissoux. L’histoire raconte celle d’un jeune homme s’appelant Janvier qui, au cours de la restructuration de la grande entreprise qui l’emploie, va se retrouver oublié dans son bureau, au fond d’une impasse. Plutôt que de rester chez lui à rien faire, en continuant à être payé sans rien faire, il va décider de se rendre régulièrement sur son lieu de travail en se fixant des objectifs pour occuper ses journées. Les possibilités sont nombreuses : arroser une plante verte, passer l’aspirateur, correspondre avec un fournisseur, se mettre à la poésie, surveiller les gens qui passent dans l’impasse, faire semblant de fumer. Tout ça, évidemment, jusqu’à ce que son entreprise se souvienne de son existence de salarié.
A partir d’une situation ubuesque, l’auteur nous livre donc une critique acerbe du monde de l’entreprise, capable d’oublier un de ses salariés dans une grande indifférence. Le livre nous interroge aussi sur notre rapport au travail, sur notre quotidien dans ce qu’il a de plus banal et répétitif mais aussi sur notre liberté au travail.
Janvier n’est rien pour l’entreprise qui l’emploie. Il n’a aucune influence sur elle. Et il n’est pas le seul, il va rencontrer dans le livre d’autres personnages qui, comme lui, se retrouvent dans des situations ubuesques. C’est le cas de son ancien voisin de bureau, qui avait démissionné pour partir découvrir le monde, qui revient clandestinement réoccuper son ancien bureau en attendant de retrouver un travail. Il y a aussi ce jeune stagiaire, à qui l’entreprise a du mal à trouver un bureau et qui va se retrouver dans une impasse comme Janvier. Et il y a surtout cette correspondance à sens unique avec un chinois ! La grande idée de l’auteur à mon avis qui procure au livre ses meilleurs passages.
Janvier, c’est donc l’individualisme face au capitalisme, l’anecdotique face à l’entreprise mais c’est surtout un charmant petit bouquin à l’écriture subtile, ponctué d’humour et de réflexion.
|