Grégoire Delacourt
(Editions Jean-Claude Lattès) mars 2018
Toujours un plaisir de retrouver l’écriture raffinée de Grégoire Delacourt, dont les livres sont aujourd’hui traduits dans le monde entier. Après l’immense succès rencontré avec La liste de mes envies, c’est avec un livre au titre qui est le rêve de toutes les femmes, La femme qui ne vieillissait pas, que l’on retrouve l’auteur, toujours édité chez JC Lattès.
Cette femme qui ne vieillissait pas, c’est Betty, que l’on suit tout au long du livre, sur environ 250 pages, construit en trois parties, de un à trente cinq puis de trente à trente et pour finir une courte partie à soixante-trois.. Vous l’avez donc compris, c’est à partir de trente-cinq ans que la vie de Betty bascule, elle cesse de vieillir physiquement. Son visage ne subit plus le temps, seul son organisme vieillit. Comme elle le dit, "je ne vieillissais pas au-dehors, je vieillissais au-dedans".
On suit Betty depuis sa naissance, dans les années 50 autour de son père et de sa mère qui va décéder quand elle aura treize ans. On suit son adolescence, ses 18 ans, ses études de lettres et sa vie étudiante, ses positions sociales et politiques, son style vestimentaire, son premier poste d’institutrice dans les années 80, son mariage, son premier enfant.
A trente-cinq ans, tout bascule, elle ne vieillit plus, vivant au départ dans l’euphorie, sa jeunesse l’enivrant. Pour elle, la beauté est un anti-depresseur. Son mari et son fils ne se rendent compte de rien au départ, ses copines y voient l’action de crèmes miraculeuses, notamment son amie qui travaille dans le milieu de la cosmétique, en quête de la jeunesse éternelle.
Ce qui pourrait être le rêve de toutes les femmes va rapidement être pour Betty une souffrance car elle ne trouve plus facilement sa place auprès de ceux qui l’entourent à cause de son apparence qui ne change pas. Le livre devient alors une réflexion sur le temps qui passe, sur la vieillesse qui nous laisse des rides sur nos visages qui sont les témoins de ce que l’on a pu vivre et sur cette jeunesse éternelle de Betty qui au final ne lui apporte que solitude.
Une fois encore, Grégoire Delacourt nous offre un livre plaisant, que l’on lit en un peu plus de deux jours, dans lequel il est question de l’amour à l’épreuve du temps qui passe… ou qui ne passe pas. Il nous montre l’obsession de notre société pour la jeunesse qui trop souvent est associée par erreur à la beauté. Il nous montre enfin que la vieillesse, c’est aussi la beauté de la vie et qu’au final, la jeunesse éternelle serait d’une tristesse épouvantable.