Rêves américains, tome 1 - La ruée vers l'or
(Absilone) janvier 2018
Ardent défenseur de sa culture ou amoureux fou des lettres, Thomas Hellman est avant tout un raconteur d’histoires. Armé de sa maîtrise de la littérature Française, il chemine tranquillou entre les couloirs d’une émission littéraire de Radio-Canada et les allées de la musique pour enfant, du cinéma et du théâtre.
Une série de chroniques sur l’histoire de la musique américaine pendant la crise des années 1930 fit germer ce projet, ce spectacle intitulé Rêves américains. Ci-joint le premier tome : La ruée vers l’or. L’histoire commence donc par cette foutue pépite découverte presque pas tout à fait par hasard. S’ensuivent des mouvements de population, de la famille Ingalls aux Dalton, tous les rêveurs endimanchés se sont embarqués dans ce drôle de voyage vers l’Eldorado du continent américain.
Entouré de Olaf Gundel aux banjo, guitare, percussion et chœurs, et Sage Reynolds à la contrebasse et aux chœurs, Thomas Hellman traverse les campements, les plaines et déserts hostiles, les rails de la colonisation et les affrontements avec les autochtones indiens, portant en bandoulière la fascination de l’homme pour l’or et ses promesses.
Le tintement caractéristique du banjo invite tantôt à la contemplation de ces colonnes de diligences serpentant entre les reliefs, tantôt à la nécessaire perte de la certitude liée à l’aventure. Optimisme. Tant d’optimisme sourde des percussions et des chants qu’il est hautement probable que le fantôme de Franck H Mayer traverse votre salon à la poursuite d’un énième bison, tué "pour contrôler l’indien" (Scandaleuses paroles s’il avait été twitoman) : "Peut-être qu’on était juste un gang d’égoïstes qui voulait sa part du gâteau, et au diable le bison, les indiens et tous les autres, du moment qu’on garde notre scalp sur la tête et nos bourses bien pleines".
L’ombre de John Steinbeck plane également sur ces airs de blues mélancolique et de folk serein. Des anonymes de la classe ouvrière jetés sous les roues de l’industrialisation : "Capitaine, un homme ne sera toujours qu’un homme. Mais avant que je me laisse dépasser par cette machine à vapeur, je mourrai un marteau à la main".
En anglais et en français, les chants se répondent et se relancent, comme un battement collectif en direction d’un même objectif : améliorer sa condition. Quand je pense que la quête du bonheur de 2018 doit apparemment passer par le tofu et la respiration par les ouïes… et la poésie ! "Les arbres fluviatiles, voisins de la rive sont les cils délicats qui le frangent, et les collines et rochers boisés qui l’entourent, sont le sourcil qui le surplombe" ("L’œil de la terre").
Déboires du blues et traditions folk se mélangent aux mélodies et aux récits de ces fous aventureux dont nous admirons toujours la fougue. Plongée dans l’inspiration de l’american dream, à vous donner des envies de claudiquer en talons à éperons, de pousser les portes va-et-vient à double vantaux pour commander un tord boyau qui dissout le bois du comptoir… "Je suis le vieux Tom Moore, le rescapé des années d’or, ils disent que je suis une éponge à gin, mais peu m’importent les compliments" ("Les rescapés de 49").
Des portraits d’individus dépassés par la grandeur de l’Histoire qu’ils écrivent, Thomas Hellman puise dans la mémoire collective pour redonner du souffle aux Rêves américains.