Si je devais définir en un seul mot ce qui me vient à l’esprit après avoir terminé ce livre de Yoav Blum, le premier parmi tant qui me viendrait à l’esprit serait "Originalité" avec un immense "O" tant le livre et son auteur en sont pourvue. Car oui, le premier livre de Yoav Blum traduit en français et publié chez Delcourt littérature, La Fabrique des coïncidences est un incroyable bouquin, une expérience littéraire à l’histoire originale, un livre intelligent d’une grande sensibilité.
"Notre rôle est précisément de nous tenir à la lisière, dans cette zone grise entre destin et libre arbitre, et de jouer au ping-pong". Cette phrase qui débute la quatrième de couverture du livre (qui est au passage un très bel objet à la couverture soignée) illustre très bien le fond du livre. Ce rôle, c’est celui qui est assigné à Guy, Emilie et Eric. Ces trois-là sont des agents secrets d’un genre nouveau. Ils ont pour mission de créer des coïncidences pour réinventer la vie des gens. Car dans le monde de Yoav Blum, cet auteur israélien, le destin ne relève pas d’une autorité divine ou d’un hasard désincarné, mais bel et bien d’une organisation invisible de travailleurs du réel. Malgré le fait qu’ils aient suivi la même formation, Guy et Emilie ont des spécialités différentes : Guy est un excellent entremetteur qui néanmoins ne croit pas en l’amour. Emily, elle est plutôt du genre à croire aux histoires à l’eau de rose et elle est spécialiste pour créer des vocations.
Cette organisation invisible est évidemment hiérarchisée. On y débute souvent comme tisseurs de rêves, ami imaginaire, distributeur de chance avant d’accéder, pour les plus zélés, à la fonction de faiseur de coïncidences. Le rôle de ces agents consiste le plus souvent à provoquer des rencontres, rassembler des familles, semer les graines de l’inspiration à l’origine d’une œuvre d’art ou d’une découverte scientifique. Cela s’appuie sur un manuel fait de différents chapitres qui explique comment tenir ces rôles. Yoav Blum a disséminé les différents chapitres de ce manuel dans son livre entre les chapitres romancés, ce qui est à la fois malin et rigolo.
Guy va se voir assigner une mission un peu particulière impliquant un mystérieux tueur à gages fraîchement débarqué. A travers cette mission un peu spéciale, nombreuses de ses certitudes vont voler en éclat tout en lui assénant au passage une bonne leçon sur les arcanes du destin, le libre arbitre et la nature véritable de l’amour. Très vite, il se retrouve dans un ensemble bien plus grand et complexe que sa mission lui confère et cela va lui permettre de se rendre compte des limites existantes à créer des coïncidences.
La Fabrique des coïncidences se révèle alors être un roman brillant et captivant sur le déroulement du destin. Un livre qui, de façon assez magique et surprenante (tout comme l’est d’ailleurs la fin du livre que je vous laisse découvrir), nous fait réfléchir sur notre propre existence, notre propre destin, sur ce qui a pu déjà nous arriver et que nous pensions être des coïncidences.
Pour la sortie du livre, le site web de Delcourt éditions a mis en place une page d’une grande originalité qui permet au lecteur, pour s’amuser, de se retrouver avec un ordre de mission loufoque à effectuer en fonction de différents critères retenus. De mon coté, je me suis retrouver à devenir aussi un fabriquant de coïncidences avec, pour mission originale, celle de devoir réunir tous les roux de Londres devant la tour de Pise…
Je vous laisse le soin d’aller retrouver votre ordre de mission, après avoir évidemment lu ce superbe livre de Yoav Blum. |