Colin Harrison, rédacteur et éditeur, publie des romans depuis le début des années 90. Cinq d’entre eux ont déjà été traduits en français et édités aux éditions Belfond dont l’excellent Havana Room. Il y a quelques semaines, vient de sortir son sixième roman publié toujours chez Belfond, Manhattan Vertigo.
Paul Reeves, le personnage principal du livre, est un avocat new-yorkais spécialisé dans le droit de l’immigration qui voue une passion pour sa ville. Il n’a qu’une obsession, celle de posséder la plus vieille carte originale de New-York, dont le bruit court qu’elle sera bientôt mise en vente. Sa voisine, Jennifer, elle, ne sait plus à quel homme se vouer. Mariée à un brillant homme d’affaires iranien, Ahmed, elle vient de retrouver son amour de jeunesse, Bill, un GI qui vient de rentrer d’Afghanistan. Pour l’aider à y voir plus clair, Jennifer compte sur Paul, son confident. C’est alors le début d’un engrenage fatal : la femme, le mari et l’amant avec au centre, Paul, le confident.
Jennifer est une femme pleine de secrets, qui est en admiration de son mari Ahmed même si elle a toujours dans un coin de sa tête son amour de jeunesse. Ahmed, lui, fait partie de ces hommes qui pense que leur femme est leur possession. Une fois, l’adultère connu, Ahmed va se rendre compte que sa femme n’est plus vraiment sa possession. Il décide alors de régler ça à sa manière, peu orthodoxe. Il possède une bonne dizaine de tueurs à gages prêts à dégainer en cas de demande. Bill, lui, a l’intention de ramener son amour de jeunesse dans son Texas natal, tout en étant prêt à répondre à une éventuelle attaque d’Ahmed. Et cet adultère va ensuite faire ressortir de nombreux secrets que les différents personnages du livre auraient bien voulu garder. Tout ça en lien avec la fameuse carte que convoite Paul Reeves.
Très vite chacun va vouloir sauver sa peau, une course contre la montre pour ne pas mourir se met alors en place. Le thriller est alors très dense, fait de règlements de compte, de kidnapping, de rebondissements, de secrets révélés avec une fin de livre subtil, intelligente et étonnante.
Tout cela donne un rythme vertigineux au livre (d’où le titre) mais pour autant, la vraie qualité du livre tient dans la complexité de ses personnages que nous propose Colin Harrison. Le but du début du livre est alors de bien nous présenter les quatre principaux personnages, pour que l’on comprenne bien qui ils sont, d’où ils viennent et ce qu’ils sont capables de faire ensuite. Cela pourra paraître peut-être un peu long au début du livre mais cela deviendra bien vite essentiel pour la suite car ces personnages sont vraiment le ciment de l’intrigue.
Manhattan Vertigo est donc un livre efficace à la fin bluffante. C’est aussi un livre intéressant, au-delà de l’intrigue, pour les informations qu’il nous donne concernant l’art (l’auteur nous donne d’intéressantes analyses d’œuvre d’art) qui joue un rôle important dans le livre. A cela s’ajoute les superbes descriptions de la ville de New-York qui nous fait (un peu) voyager.
Colin Harrison nous offre donc un livre envoûtant que je vous invite vivement à lire. |