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Egle Vertelyte  (mai 2018) 

Réalisé par Egle Vertelyte. Lituanie. Comédie dramatique. 1h31 (Sortie le 9 mai 2018). Avec Egle Mikulionyte, Vyto Ruginis, Andrius Bialobzeskis, Daniel Olbrychski, Valerijus Jevsejevas, Vera Stasenia, Valentinas Krulikovskis et Jelena Kirejeva.

A l'exception de quelques dessins animées, et de la figure un peu rébarbative de Sharunas Bartas, on ne sait pas grand-chose du cinéma lituanien.

"Miracle" d'Egle Vertelyte a comme premier mérite de donner la parole à une femme réalisatrice et comme second de la laisser décrire le quotidien d'une communauté paysanne lituanienne pour qui l'époque communiste ne semble pas totalement révolue en 1992.

D'entrée, on pourra faire un petit parallèle entre la Lituanie d'Egle Vertelyte et la Finlande fantasmée d'Aki Kaurismaki. Dans les deux cas, les personnages vivent leur petite vie quotidienne sans beaucoup s'amuser ni parler, avec un penchant assez généralisé pour la consommation d'alcool.

En plus, l'actrice principale, que l'on découvre en train d'enterrer un cochon, a quelque chose de l'actrice fétiche de Kaurismaki, l'immense Kati Outinen. Et cette parenté, qui la pousse elle aussi à intérioriser toutes les peines et les souffrances que sa vie loin d'être drôle de directrice d'une porcherie lui infligent, n'est pas innocente.

En effet, il faut peu de temps pour comprendre qu'Egle Mikulionyte est une actrice de niveau international. Dans son rôle d'Irena, elle est pratiquement de chaque plan et est capable de multiplier à l'envi ses différents registres de jeu.

A la femme responsable d'une ferme d'un autre temps économique, d'une coopérative qui s'écroule sous l'effet de la mondialisation et de l'hostilité générale des paysans, succède une épouse malheureuse qui se régénère, puis se transforme en femme mûre désirable quand surgit l'improbable Bernardas, le Lituanien revenu des États-Unis pour transformer ou plutôt raser sa ferme...

Il faut dire un mot de Vyto Ruginis, l'acteur américano-lituanien qui interprète Bernardas, l'homme à la grosse Chevrolet décapotable. C'est un acteur que l'on connaît bien et que l'on a vu faire des seconds rôles dans des films ou des séries.

Sa présence, ici, c'est aussi l'arrivée du cinéma post-communiste en Lituanie. Comme son personnage qui va hardiment massacrer l'univers d'Irena, c'est à un cinéma grand-public et non plus à quelques productions art et essai que le cinéma lituanien s'ouvre avec "Miracle" d'Egle Vertelyte.

Ce qu'elle propose avec ce premier film, c'est en quelque sorte la "naissance d'une nation cinématographique". Situant son œuvre en 1992, elle raconte avec une grande simplicité et un ton grinçant comment s'est opérée la mutation vers ce qu'on ose appeler l'économie de marché tant l'on devine que l'après ferme d'état va conduire à d'autres désastres.

Si l'on s'attache au récit purement factuel, "Miracle" n'en est pas un puisque Irena, regénérée par le passage tempétueux de Bernardas, va en vivre des conséquences finalement heureuses et parfaitement explicables.

Sauf,si l'on estime que ce qui est miraculeux c'est qu'une responsable de la société d'avant, qui accomplissait son devoir avec ardeur et honnêteté sous les feux conceptuels du matérialisme athée, puisse retrouver un chemin oublié, celui de l'Église. Que celle-ci soit représentée par le grand acteur polonais, cher à Wajda, Daniel Olbrychski, ajoute du sel à la démonstration.

"Miracle" d'Egle Vertelyte est ainsi un film dense, une parabole, pleine de cochons et de Lituaniens à la fois alcooliques et croyants, dans laquelle l'éviction du voisin russe par le "milliardaire" américain qui revient en terrain conquis n'est peut-être pas qu'une bonne nouvelle.

On suivra désormais le travail d'Egle Vertelyte qui, on l'espère, poursuivra sa trajectoire historique vers la Lituanie d'aujourd'hui. Qu'est-ce que cet ancien pays annexé à l'Union Soviétique peut-il bien être devenu à l'ère de Trump et de Poutine ?

On attend donc son prochain film avec une impatience justifiée par son beau sens du récit et de l'Histoire.

 

Philippe Person         
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