Réalisé par Michael Powell. Grande Bretagne. Thriller. 1h41 (Sortie version restaurée le 23 mai 2018 - 1ère sortie novembre 1999). Avec Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Maxine Audley, Brenda Bruce, Miles Malleson, Esmond Knight et Michael Powell.
On lui donnerait le Bon Dieu sans confession, ce jeune homme blond aux yeux bleus, habillé en duffle-coat, et toujours caméra au poing. On le fiancerait bien à Sissi, cet Autrichien fils d'un grand chef d'orchestre.
Michael Powell, pour son second film sans son complice et alter ego Emeric Pressburger, a réalisé une œuvre paradoxalement malsaine en dépit des couleurs vives et chatoyantes, caractéristiques de sa société de production "The Archers".
Ce film sous tension, aux relents freudiens un peu appuyés, est peut-être le chaînon manquant entre "Psycho" d'Alfred Hitchcock et les films d'horreur de la Hammer qui commençaient à triompher. Cinéaste culte, ayant influencé à la fois Bertrand Tavernier et Martin Scorsese, Michaël Powell est un formaliste méticuleux dont chacun des plans est patiemment construit, certains diraient même un peu trop et crieraient à la "manière".
Maîtrise du cadre, de l'image et de chaque détail qui la compose, le cinéaste anglais est un des précurseurs du cinéma de l'effet qui n'a cessé de triompher depuis, notamment avec Martin Scorsese déjà cité.
Clou du "Voyeur" de Michaël Powell, dont le titre anglais est sans doute plus fort ("Peeping-Tom"), la scène où Moira Shearer danse dans le décor du studio où elle est seule avec Carl Boehm (alias Karlheinz Böhm), est un moment de pur angoisse.
"Le Voyeur" de Michael Powell remue les frustrations d'une époque charnière, antérieure de quelques années à celle qui aboutira à la libération sexuelle dans le "Swinging London".
Ici, les jeunes sont encore des "vieux" ressassant les peurs de leurs premières années marquées par la guerre. On y vend sous le manteau des photos cochonnes faites dans des arrière-boutiques sordides. Le sexe est encore aux mains des libidineux et pas dans celles des psychanalystes.
C'est dommage pour toutes les victimes qui parsèment ce film pré-gore et pour le couple qu'aurait pu former Anna Massey et Carl Boehm dans d'autres circonstances.
"Le Voyeur" de Michael Powell, ce film culte qu'on pense à tort avoir vieilli, vaut largement bien des Hitchcock de l'époque et est sans conteste l'un des classiques du cinéma britannique. |