Brésil et Uruguay sont à l’honneur avec le dernier livre de Pedro Mairal, L’uruguayenne, publié aux éditions Buchet-Chastel. Argentin, presque la cinquantaine, l’auteur n’en est pas à son premier roman traduit en Français. Il a déjà rencontré le succès avec Une nuit avec Sabrina, qui fut ensuite adapté au cinéma. Il fait partie des auteurs latino-américains reconnus tout en étant en même temps scénaristes et auteurs de chroniques pour divers journaux. L’uruguayenne, publié en 2016 en Argentine et en succès a déjà été salué par la critique et le public. Ne lui reste plus qu’à conquérir le public français.
Les 140 pages du livre nous proposent de passer une journée avec Lucas Pereyra, personnage traversant une mauvaise passe, sorte de loser argentin cumulant les problèmes avec sa famille et les problèmes financiers. Ecrivain, il a de plus en plus de mal à trouver l’inspiration et l’argent commence à se laisser désirer. Il pense que sa femme le trompe, a du mal à gérer son gosse et ne cesse de penser à la brève aventure non consommée qu’il a eu avec Guerra, une magnifique uruguayenne rencontrée lors d’un festival littéraire auquel il participait quand il était un auteur reconnu.
Il doit récupérer une avance d’argent sur un livre qu’il entend aller déposer en Uruguay pour échapper au fisc et à la crise économique argentine qui sévit. Derrière cette escapade en Uruguay se trame l’envie de revoir Guerra pour conclure cette liaison.
C’est donc une odyssée que nous propose l’auteur, courte et intense dans laquelle Lucas part passer une journée à Montevideo dans la quiétude uruguayenne. Sauf que tout ce qui était programmé dans cette journée ne va pas forcément se passer comme prévu. Nous allons assister à un voyage rocambolesque dans lequel Lucas va connaître de nombreuses péripéties.
En même temps, l’auteur construit cette journée de retours en arrière qui sont l’occasion pour le lecteur de mieux connaître et comprendre les problèmes du couple que rencontre Lucas mais aussi sa vie de famille et ses rapports avec son fils. Le livre est très drôle tout en étant très juste dans les différents sujets qu’il aborde. Le narrateur a un don particulier pour l’autodérision et l’auteur a le talent d’écriture pour nous décrire subtilement ce loser magnifique et sympathique.
L’uruguayenne, en plus d’être drôle, est un livre sur la liberté, celle recherchée par Lucas. C’est un livre aussi sur le couple, son usure, ses déséquilibres et ses difficultés. C’est aussi un livre sur la précarité car l’auteur traite aussi en toile de fond de la situation économique de son pays, en pleine crise économique. C’est un livre sur la paternité qui tourne autour de la relation de Lucas avec son fils, supportant de moins en moins son rôle de père au foyer. Et enfin, c’est un livre sur le désir, celui qu’éprouve Lucas pour cette sublime femme, Guerra, qu’il revoit lors de son escapade.
Belle lecture donc, courte et intense que celle vécue aux côtés du dernier livre de Pedro Mairal. Sans prétention, superbement écrit, on aura pris plaisir à déambuler dans ce petit pays sud-américain pour suivre ce narrateur argentin au gré de ses épisodes rocambolesques. |