Biopic théâtro-musical conçu Delphine Gustau interprété par Delphine Grandsart accompagnée par Matthieu Michard à l’accordéon dans une mise en scène de Delphine Grandsart et Delphine Gustau. A la Belle Epoque, Montmartre, de la Butte à Pigalle, constituait le lieu de tous les plaisirs plébéiens où,par ailleurs, venaient s'encanailler princes et bourgeois et de nombreuses figures de femmes artistes de caf'conc sont passées à la postérité telle "Louise Weber dite La Goulue", la Reine du Moulin Rouge immortalisée notamment par Toulouse-Lautrec.
Delphine Gustau a entrepris de narrer le destin singulier de cette fille du peuple, blanchisseuse et modèle pour les peintres du Bateau Lavoir, qui, après son apogée en danseuse de cancan, sombre dans l'oubli en se reconvertissant dompteuse se produisant dans les fêtes foraines puis, chiffonnière aux puces de Saint-Ouen, dans la misère.
Et elle a choisi de dérouler ce biopic sous forme d'une rétrospective à rebours, de la déchéance de la vieillesse mais toujours avec la "picole" pour le clore par le portrait de la fillette délurée qui aimait jouer de ses gambettes au bal public de l'Élysée Montmartre.
Entre les deux se confrontent "la légende et la viande" d'une femme de tempérament libertaire qui assume ses danses "culottées" et sa cuisse légère et qui, si elle sait bien marchander ses charmes auprès des "messieurs", les hommes de sa vie ne lui font guère de cadeaux.
L'opus se déroule en tableaux narratifs ponctués de quelques chansons naturalistes puisées dans le répertoire d'Aristide Bruand ("A Saint-Ouen") et Yvette Guilbert ("Quand on vous aime comme ça") ou originales, telle "Moi j’suis pas trop heureuse", écrites par Delphine Gustau et mises en musique par l'accordéoniste Matthieu Michard qui assure l'accompagnement sur scène.
Sous les belles lumières de Jacques Rouveyrollis, il est porté par Delphine Grandsart qui négocie bien les différents registres, de l'émotion mélodramatique à la paillardise.
Si elle n'a pas le physique de La Goulue décrite par Octave Mirbeau comme "une assez belle grosse fille, épaisse, colorée", elle en incarne cependant parfaitement, avec abattage, gouaille et une roborative grivoiserie "la brutalité radieuse" soulignée par celui-ci.
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