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interview  juin 2018

A l'occasion de la sortie de son album Entre deux eaux, Manu nous a accordé une interview.

Comment est né le projet Entre deux eaux ?

Manu : Tout a commencé par ma rencontre avec Damien J. Jarry. Je l’ai rencontré lors d’une interview commune sur une radio parisienne. A l’époque, il était avec son groupe The Versus, il était aux claviers et ils étaient là pour faire un morceau en live. Moi j’étais là avec ma petite guitare acoustique, pour jouer "Goodbye", lors du premier album solo Rendez-vous. A la fin de l’émission, on a sympathisé tous les deux. Il m’avait dit qu’il avait adoré ce morceau, qu’il était aussi violoncelliste et qu’il avait des idées d’arrangements sur cette chanson et que si jamais un jour j’avais besoin d’arrangements de cordes, il serait là...

Une ou deux années sont passées et j’ai eu envie de son violoncelle sur un titre. On a travaillé et ensuite je l’ai invité sur l’EP Japonais Tenki Ame où il a joué piano et violoncelle.

A cette période, je venais de finir le duo Penser à demain sur l'album de Pat Kébra. C'est par ce biais que j'ai rencontré Christophe Saunière qui officiait à la basse et à la batterie sur certains titres de Pat. Christophe m'indiquant qu'il était surtout harpiste, je l'ai invité de suite à venir jouer en studio sur Tenki Ame.

A cette même période, on faisait des concerts acoustiques avec Patrick (ndlr : Giordano alias Matt Murdock) et l'on s’est dit que l'on pourrait monter un petit répertoire avec Christophe à la harpe et Damien au violoncelle. On a commencé à répéter pour faire quelques concerts. Et comme ils sont géniaux et qu’ils travaillent très vite, on a monté un répertoire conséquent et nous sommes partis faire nos quelques concerts, on a vu que la formule plaisait beaucoup et que ce serait bien d’en garder une trace sur disque déjà et éventuellement se servir de cet album pour trouver d’autres concerts et faire une tournée parallèle. Une tournée parenthèse enchantée avec cette formule là et le plaisir d’entendre ces chansons revisitées par la harpe, le violoncelle et la guitare électrique de Matt, ça fait un tapis très agréable pour ma voix, mes textes et les mélodies. Donc je savoure l’instant, à chaque fois qu’on travaille un titre : qu’est-ce qu’ils vont me sortir ?

Je trouve ça magique. C’est pour ça que je l’ai appelé Vol. 1 parce que j’avais tellement de matière avec toutes mes chansons en solo, celles d’autres artistes que nous voulions faire, de Dolly que je voulais inclure et puis à chaque fois un duo, un inédit. Voilà comment le concept est né. Le fait d’avoir des gens géniaux avec moi et beaucoup de matière, cela en fait un bel album et j’espère qu’il y en aura d’autres.

Où vas-tu chercher ton inspiration ? Des lectures ? Films ? Est-ce un reflet de ton imagination ou une façon de raconter ta vie ?

Manu : Ça dépend des albums. C’est vrai qu’avec Dolly et le premier album solo Rendez-vous, j’écrivais beaucoup par rapport à ce que je vivais. Donc c’était très égo-centré.

A partir de La dernière étoile, je me suis un peu ouverte aux autres. J’avais envie d’imaginer… J’étais dans l’observation, comme on peut faire à la terrasse des cafés ou quand on flâne dans les rues. On croise des gens, on regarde, on s'amuse à deviner leur vie, leur destination. Ça part un peu dans tous les sens au début, puis je lie mes notes à tout ce que m'inspirent les films, les livres, les jeux vidéo ou les mangas qui jalonnent ma vie à ce moment-là. Tout cela se complète, après, dans ma tête et sur le papier. Et puis on en revient toujours à son propre vécu, quand on imagine des histoires, on prend beaucoup de soi quand même.

En ce moment, je teste une méthode d’écriture qui m’amuse beaucoup, qui est plus à l’anglo-saxonne. C’est-à-dire qu'en même temps que je fais la mélodie, je pose des mots et c’est un peu comme une peinture surréaliste : les textes se dessinent en même temps que je les couche sur le papier, la mélodie, la rythmique des mots, leur sonorité. Et puis j’aime bien faire des petits constats qui sont soit liés à l’émotion, aux sentiments amoureux, soit des constats négatifs ou positifs sur le monde actuel. Des petits clins d’œil, comme ça, parsemés dans mes textes...

C’est un mélange de beaucoup de choses en fait.

Ce que j’aime, c’est quand j’ai le retour des gens qui écoutent, une fois qu’on délivre les titres, ils ne nous appartiennent plus, je m’y suis habituée, et en fait les gens comprennent ce qu’ils ont envie de comprendre par rapport à ce qu’ils sont en train de vivre et cela me touche beaucoup : qu’un texte puisse avoir plusieurs lectures. Du coup j’incorpore, quand j’écris, cette idée qu’il peut ne pas y avoir qu’un seul sens. C’est vous après qui faite votre lecture, votre interprétation.

Tu te sens plus compositrice ? Auteure ? Interprète ? Musicienne ?

Manu : Et productrice, réalisatrice. Je me sens tout cela. Je fais tout ça. Pour moi, tout est lié. A partir du moment où je commence à composer, j’entends la mélodie et le texte. Après j’entends aussi le son que cela doit avoir : chaque instrument et dans l’ensemble. Et le résultat final aussi. J’écoute beaucoup de musique, ce qui me donne des idées de production, des petits effets. J’ai beaucoup de liberté comme je suis en solo et en plus sur mon propre label que l’on a créé, avec Patrick. Je peux faire des albums différents à chaque fois. Je n’ai pas de pression de qui que ce soit.

Je me fais plaisir. Par rapport à mes envies du moment, ce que j’ai envie de dire, d’entendre. Ce qui est agréable, c’est que le public qui me suit, à tendance à s’élargir, j’espère de plus en plus. Les gens ne se posent pas la question du genre je pense. De ce que je crois comprendre, c’est que cet album-là, Entre deux eaux, qui est quand même très éloigné, de l’album précédent, La Vérité, au niveau de la production et de l’énergie, etc. Les gens s’y retrouvent quand même. Donc ça reste du Manu et c’est mon objectif.

Le meilleur moyen d’y arriver, c’est de ne pas se poser de question et de rester honnête avec soi-même pour être le plus honnête avec le public. Et monter sur scène en ayant aucun compromis à faire, en se faisant plaisir tout le temps. C’est ça qui transpire de chaque album et de chaque concert. Du coup, je ressens tout ça parce que tout est lié et que tout est lié à moi. Je ne joue pas un personnage.

Peux-tu nous parler de Tekini Records et de Velvet Underground ?

Manu : Tu as fait un beau lapsus, c’est Velvet Audiobook ! (Oui lecteur, parfois je me plante !) Le Velvet Undergroud, c’est quand même un super groupe. Ça vient entre autres de là le nom de Velvet. Du film Velvet Goldmine aussi, du velours également...

Alors je vais commencer par Tekini Records. C’est le label que j’ai créé quand j’ai réussi à quitter Warner, mon ancienne maison de disque. Mon premier album était très personnel, très exutoire par rapport à tout ce qui s’était passé auparavant. Je n’avais pas envie de le confier à des gens qui ne comprendraient pas le projet. Je me suis dit que j'allais monter mon label juste pour cet album, c’est ce que l’on a fait avec Patrick en 2007. J’ai eu envie ensuite de faire d’autres albums et on a continué à se servir de notre label en toute indépendance.

Tekini Records, c'est aussi et beaucoup grâce à Patrick Giordano (Matt Murdock) une activité audiovisuelle liée aux jeux vidéo et au travail journalistique. Patrick crée des sujets, des émissions liées aux jeux vidéo, il écrit des articles, liés aux jeux vidéo et à la musique et c’est cette activité qui permet aussi à Tekini de continuer à avancer. Et moi, quand je sors un album, j’engouffre tout (rires). Les ventes d’album permettent de rééquilibrer les comptes et après on repart à zéro.

L'idée de la collection Velvet Audiobook est née parce que je suis très souvent sur la route et souvent seule à conduire. On ne va pas se mentir, ce n’est pas la radio qui va me faire tenir, et j’ai une vieille voiture qui ne marche pas avec les téléphones modernes où je pourrais mettre la musique que j’ai envie d’écouter. Je "mange" donc beaucoup de livres audios, j’ai encore un poste avec lecteur de CD. J’adore lire mais je ne peux pas lire sur la route).

J’ai trouvé qu’il y avait un manque dans le genre que j’aime. Il n’y en avait pas beaucoup à l’époque, un petit peu plus maintenant. Il manquait le genre "psycho-trash-thriller-rock’n’roll...", beaucoup de livres ne sont pas des "best-sellers" et ne vont pas figurer en livres audio, mais ils n'en sont pas moins incroyables.

Nous sommes heureux que Noël Matteï ait accepté tout de suite d'être le premier écrivain à tenter l'aventure avec nous avec son second roman Les amours anormales. Ce roman fait partie de mes livres de chevet, j'ai adoré le lire, il ne m'a pas quitté pendant longtemps. Empreint de quantité de références musicales qui me parlent, dont d'ailleurs "Tes cicatrices" issu de mon album "Rendez-vous". C'est pour cela qu'il me l'a offert. On se croisait souvent sans vraiment se connaître. J'ai tout de suite eu envie que ses amours anormales soient le premier titre de la collection Velvet Audiobook. Noël a accepté de se prêter au jeu, je tenais à ce que ce soit lui qui le lise.

Il en a donc fait la lecture avec brio. Je fais les voix off, j'adore ça. Patrick a fait les lectures des intervenants. On a fait les acteurs, on s’est beaucoup amusé, on a convié notre amie ingénieur du son, Mathilde Wasilewski, à faire les prises et le sound design, tout ça est resté en famille.

Ce premier audiobook est donc sorti le 30 mars, en physique et en numérique. Il faut savoir qu’en France, on est très en retard sur le livre audio. Aux Etats-Unis, en Allemagne, dans plein de pays c'est un support qui est très demandé. En France, cela a du mal à décoller, les rayons dans les magasins sont petits, mais la plateforme en numérique, Audible, est arrivée en France et ça commence à se développer. Il y a un créneau important, parce qu’il y a des gens qui ne peuvent pas lire, parce qu’ils sont aveugles ou malvoyants, il y a aussi ceux qui n’aiment pas lire, ou encore ceux qui voyagent. Moi j'aime autant lire qu'écouter, j'aime que l'on me raconte (bien) des histoires).

Ce qui m’a marqué avec Les Amours anormales, c’est que c’est Noël Matteï qui lit son propre roman et avec d’autres personnes. Et on sent, avec toi, qu’il y a une vraie famille avec Matt Murdock, Thierry Nirox. Pour toi, c’est une tribu ?

Manu : C’est ça, c’est-à-dire que depuis que j’ai commencé la musique ou quand on a monté Tekini Records, au niveau des gens qui interviennent, quand on a besoin de quelqu’un, il y a toujours des gens, dans la tribu comme tu dis, qui sont capables de faire des choses différentes de l’activité habituelle. Par exemple, Nirox ferait un excellent comédien, même s’il fait une apparition assez courte dans l’audiobook.

C’est important que l’auteur lise lui-même son livre s’il s’en sent capable et qu'il en a l'envie, parce que c’est encore plus fort, je pense, pour lui comme pour nous.

Avec Noël, c’est une super réussite. C’est la première fois qu’il faisait ça. Il est incroyable. Il a déjà une voix incroyable.

Effectivement, dans ce livre audio il y a plusieurs personnes qui font des interventions alors qu'en général, c’est la même personne qui fait tous les personnages, qui prend des voix différentes.

J’ai très envie, moi aussi, plus tard, pour ma collection de lire un roman. Donc j’attends qu’il y ait un auteur qui n’a pas envie de lire son roman (rires).

Par rapport à la tribu, je pense que c’est très important d’être très bien entouré, tout dépend de cela. Je fonctionne à l'affect et la fidélité dans la musique déjà.

Ce sont des échanges, et puis c’est toujours agréable de travailler avec des gens qu’on aime, c’est très rassurant. Moi ça me rassure beaucoup donc j’aime avoir, effectivement, une petite tribu autour de moi et il faut surtout que l'on s'amuse. Même lorsque les propos sont intenses, il y a toujours beaucoup de bonne humeur.

Je me rappelle de Noël, quand il lisait son livre, par moment il s’arrêtait et il disait : "c’est moi qui ai écrit ça ?" (rires) "Je suis bien torturé dans ma tête". C’est drôle de rentrer dans les méandres de son cerveau.

Et justement, question demie sérieuse : ce n’est pas trop dur pour les autres membres d’avoir une patronne ?

Manu : Cela dépend vraiment des gens. Comme le line up de Manu a changé beaucoup, il y a des gens que cela ne dérange pas du tout, ils se mettent au service de la musique, à 90% du temps c’est ça. J’ai du mal à avoir le poste de patronne, mais effectivement comme je sais ce que je veux, je dirige au besoin. J'aime aussi que l'on me propose des choses qui peuvent aller dans le sens de la musique, l’améliorer. J’aime être surprise. Mais il me faut garder mon cap, ce n'est pas évident de porter un projet, à bien et à bout de bras... donc parfois, je dois mettre la casquette de petit capitaine...

La patronne, quoi ! (rires)

Manu : Voilà… dans tout groupe, je pense qu’il faut qu’il y ait quelqu’un qui ait le dernier mot, sinon on ne s'en sort pas. Si tout le monde est dans le doute, ou apporte des idées différentes, c'est compliqué. Moi comme je sais exactement où je veux aller, ça me paraît plus simple que ça soit moi. Mais, encore une fois, s’il y a des bonnes surprises, je vais les intégrer.

Je commence à me trouver légitime dans mes demandes et mes attentes. Je me sens à ma place, et c'est grâce aux excellents musiciens qui m'ont fait le plaisir de m'accompagner tout au long de mon chemin en le respectant. Ils m'ont apporté la confiance en moi dont je manquais. Cela me permet aussi de me sentir libre de par leur protection bienveillante, et donc de continuer à produire et réaliser ma musique comme je l'entends.

De toute façon, je n’ai plus envie d’aller à la bagarre, je n’ai plus envie de m’embrouiller. Cela doit être ludique avant tout, ou ne pas être...

La confrontation et les débats d’idées pendant des heures, ça, je n’en veux plus.

En général, les gens qui intègrent l’aventure sont sur la même longueur d’ondes.

Comment perçois-tu, aujourd’hui le monde de la musique ? Tu sens un changement depuis que tu as commencé à jouer ? Personnellement, j’ai trouvé que tu avais amené des concepts très intéressants comme le solo de l’infini et les clips home made. C’est par ras-le-bol du business ou pour juste apporter ta touche personnelle ?

Manu : C’est un peu les deux. Le business de la musique est devenu très difficile. La différence, par rapport à mes débuts est importante, c’est un gouffre, avant on pouvait en vivre. Aujourd’hui, je n’en vis plus, clairement. C’est déjà une énorme différence. Même si je reste professionnelle, je n’ai jamais eu de gros besoins, mais je pense que ça reste difficile pour les gens qui arrivent maintenant et qui découvrent ce milieu. Il était difficile avant, maintenant il est impitoyable. Les espaces se sont restreints, que ce soit quant à la programmation de concerts, de festivals, de programmation radiophonique, ne serait-ce que pour avoir un article dans la presse spécialisée un peu pointue, c’est un vrai chemin de croix.

Du coup, le fait d’avoir monté mon label m’a donné toute cette liberté, de faire ce que j’avais envie de faire. J’avais pleins d’idées, avec Patrick on n’en manque pas non plus.

Le solo de l’infini, c’est parti de l’idée d’avoir deux ou trois fins alternatives, puisque j’avais des guitaristes excellents autour de moi que j’avais envie d’inviter, Nikko (Nicolas Bonnière – Dolly-Eiffel), Shanka (François Maigret – No One is Innocent / The Dukes), qui était venu faire la tournée de La dernière étoile avec moi, Matt Murdock (Patrick Giordano – Les Moko/Les Bandits/ Madd Murdock), Laurent Duval (Extrême, Duvalls), qui est guitariste mais qui s’était mis à la basse pour mon projet. Au début, je me suis dit on va faire trois-quatre fins différentes, quand on va sortir le morceau en single, je mettrais sur Soundcloud, gratuitement, les différentes versions, comme ça pour le fun.

Puis en parlant de ça autour de moi, comme je connais pas mal de musiciens, notamment des guitaristes, ils m’ont dit : "moi aussi je veux le faire, super idée". Du coup on s’est retrouvé avec un concept. Et on a eu plus de quarante invités qui ont répondu présents, des guitaristes mais pas que, on a aussi invité des artistes telles que Joanne MacIver qui joue de la cornemuse, France Cartigny qui m’a fait un solo de claviers complètement délirant…

Ensuite est venue l’idée du concours. Je me suis dit pourquoi réserver ça uniquement aux musiciens que je connais ? S’il y a des guitaristes que je ne connais pas, professionnels ou non, qui veulent s’amuser à le faire. Du coup, j’ai mis le fichier à disposition sur Soundcloud, pour qu’ils fassent leur solo.

Patrick m’a dit : "ça serait bien qu’ils nous l’envoient, on a envie d’écouter". Du coup, on a fait un petit concours, sans huissier, je choisirais celui que je préfère, "le gagnant" emporterait une PS4, le jeu Guitar Hero Live et une guitare et un ampli... Qu’est-ce que je n’avais pas dit là ! (rires) On en a reçu beaucoup, de très bons, tous très émouvants, faits avec le cœur. Cela a amené beaucoup de joie aux musiciens, qu’ils soient professionnels ou non. Beaucoup m'ont dit qu'ils s'étaient régalés à le faire et parfois même pour certains, le solo de l'infini leur a fait reprendre l'instrument qu'ils avaient laissé de côté. C'est une belle récompense.

Pour les vidéos home made, c’est pareil. Je m’amuse à filmer tout le temps, sans désir de partage au départ. Ce qui se fait beaucoup, c’est de mettre un ancien album sur YouTube avec l’image de la pochette, alors ça s’appelle Full album avec la pochette. C’est un peu facile ! (rires) Du coup, je me suis dit que j’allais mettre en images tous les titres de mes albums. Faire un petit montage d'extraits de ma vidéothèque en correspondance avec chaque chanson afin de les délivrer au fur et à mesure. Pas tout donner comme ça facilement, il faut que les gens cherchent un petit peu).

Je suis libre, puisque je suis ma propre éditrice, je peux sortir les choses sans avoir d’autorisation à demander, et comme je ne donne pas de deadline, de rendez-vous fixe, je suis libre de le faire selon mon inspiration.

C'est une idée peu onéreuse, parce que des idées qui coûtent chères, j’en ai plein aussi, mais c’est plus difficile ! Le Do It Yourself, c'est ça maintenant. Je pense que les jeunes qui arrivent maintenant l'ont très bien compris d'ailleurs.

Il ne faut jamais oublier pourquoi on a eu envie de faire ça un jour, surtout pas à être connu ou reconnu, le faire dans ce but, ça serait une erreur. Et puis après, ça transpire (je dis ça parce que je suis en plein soleil) (rires). On reconnaît la sincérité d’un artiste, qu’il soit musicien, peintre, photographe.

Il y en a quand même qui le font pour la reconnaissance, et ça marche, on ne sait pas pourquoi ils sont là et pourquoi des gens écoutent (rires). Je suis très bon public, j’écoute de tout, mais par contre ce que je déteste ce sont les opportunistes, je les renifle de loin, au niveau de la com’, de la prod’, quand c’est fait à la va-vite ou dans l’air du temps avec des petits effets qui vont bien ou alors sur scène c'est encore pire, ça peut être rédhibitoire. Aller voir un artiste quand on aime bien un titre ou deux et qu’on sent de l’opportunisme.

Les gros shows ne m’intéressent pas. En tous cas, ce n'est pas pour moi. Je ne saurais pas utiliser l'espace, j'aime reformer le groupe (la tribu comme tu dis) sur scène, qu'elle soit grande ou pas, on joue regroupé au centre et le plus près possible du public. C'est le parallèle avec mes home made vidéos, certaines ont très peu d'images différentes, ou jouent sur la langueur, afin de ne pas altérer certaines chansons. Il m'arrive d'aimer les titres d'autres artistes grâce à leurs clips, c'est efficace, mais je pense aussi que ça peut abîmer voire tuer la chanson. Et si cette chanson a besoin d'un support audiovisuel important, c'est peut-être parfois parce qu'elle n'est pas suffisamment forte… mais il y a aussi des petits bijoux où tout est cohérent et là c'est le bonheur… c'est une question d'ambiance, de poésie ou de tension.

Les plus belles lumières lors d'un concert pour moi, sont celles que l'on ne remarque pas, mais qui nous accompagnent, qui portent la musique. Après pour les feux d'artifices, il y a le 14 juillet.

En effet sur scène, on sent que tu aimes changer les choses…

Manu : Oui, grâce aux musiciens qui m'entourent d'ailleurs, les titres peuvent changer. J’aime les morceaux à rallonge sur scène, les improvisations. Cela peut nous amener à faire une autre chanson, complètement différente. J’aime les accidents, les heureux accidents. On peut se tromper aussi mais cela amène des choses pour le concert d’après. J’aime les failles, dans lesquelles on s’engouffre.

Si on ne prend pas de plaisir sur scène, on ne peut pas en donner aux gens. Comme je n’ai pas énormément de concerts, si je ne m’éclate pas à chaque fois que j’en ai un, ça serait horrible !

Tu n’en as pas marre de faire des interviews ? Même les jours fériés ?

Manu : (rires) Il n’y a pas trop de samedi et de dimanche dans ce métier. Mais il est vrai que je m’étais posée en Vendée et je profite de mon fils. Quand j’ai dit oui à Lucie, mon attachée de presse, je n’ai pas regardé si c’était férié ou pas. Je sais que beaucoup de journalistes ont un travail à côté et font ça avec passion sur leur temps libre. Je n’en ai pas marre, j’ai juste un ado, ogre, qui doit avoir le ventre qui gargouille, mais qui est sympathique, puisqu’il ne me dit rien !

Je n’en ai pas marre, je n’en fais pas beaucoup. Certains diraient que je ne suis pas très bonne parce qu’au lieu de vendre mon projet, je discute, et parfois même, j’oublie de dire des choses importantes. Pas grave. J’aime. Si on rabâchait toujours la même chose, ça ne serait pas agréable.

 

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