L'herbe est haute et le temps clément, allons gambader sur la BA 217 (bis) !
Pour débuter ce deuxième jour, on me pousse un peu (beaucoup) à aller écouter Crossfaith. Et de manière complètement contre-productive et non argumentée, mon verdict sera un simplet : moui, bof. Ça entraîne le public, c'est sûr, performance non négligeable à 14h de l'après-midi, en raison sans doute d'une énergie animale dépensée sur scène, mais ça reste musicalement, ma foi, assez répétitif, assez "jump jump" - et certains samples me semblent, à l'oreille, fort (fort) kitsch.
Douche écossaise (ou plutôt anglaise, ici) : on passe voir les Skinny Lister, pour apprécier l'étrange mélange de punk et de folk qui se joue sur la petite scène. Ça secoue le jupon, ça penche la contrebasse, ça démantibule le bandonéon, bref, c'est un joyeux bordel musical qui tient la route – une fois encore, bien plus en live qu'à la première écoute. Un groupe festif pour festivaliers amusés, qui nous rappelle bien des années en arrière lorsque l'on dansait dans les pubs jusqu'à tard dans les nuits de Galway...
On ne peut pas vraiment s'empêcher d'aller faire un tour du côté des Turbonegro, parce qu'à chaque fois, c'est haut en couleur et fort en visuel. Ils nous avaient impressionnés l'an dernier sur la scène du Cabaret vert, et on en redemande. On se laisse donc embarquer dans ce punk rock aussi gras qu'expressif, aussi underground qu'LGBT - "Hurry up and Die", "I got Erection" : hystérie de la fan base...
Mais soyons honnête : c'est Betraying the Martyrs que j'attendais de pied ferme – ma passion du deathcore, sans aucun doute. La présence sur scène de Aaron Matts – toujours aussi vocalement impressionnant – pourrait aisément se passer de tout, y compris de mélodie – mon dégoût du clavier, sans aucun doute. Un grand set, puissant, violent, convaincant.
A tel point que je ne reste que quelques minutes pour entr'apercevoir les Hollywood Undead dont le rap ne passe pas, mais alors pas du tout.
Les mythiques NOFX, une demi-heure plus tard, n'hésiteront d'ailleurs pas à commencer leur show en démontant le "shitty band" d'à côté... Ont-ils vieilli, les NOFX ? Sans doute un peu, au regard des temps de latence entre les morceaux, au regard de la justesse parfois limite de certains morceaux : mais le look déplacé reste le même, et c'est tant mieux... On retombe donc précipitamment dans notre adolescence (doucement) punk en fredonnant grassement "Idiots are taking over".
Serait-ce les balances d'Ultra Vomit que j'entends au loin ? La Warbird est déjà en feu et le concert n'a pas encore commencé. Du délire, qui prouve qu'il fallait les placer ailleurs – mais si l'on se fie à la programmation, peu de groupes français auront eu le droit d'accéder à l'une des scènes principales. Dommage, vraiment, car le set est aussi bien rôdé qu'hilarant et le public est venu en masse – euphémisme, vous l'aurez compris, à tel point que la mainstage, au loin, où passe Avatar, qui fait alors d'étranges vocalises, paraît bien vide...
Le set d'Ultra Vomit sera donc LE concert de la journée, non seulement parce qu'il me tardait de les voir mais aussi parce... à 20h30 ma deuxième journée de festival est finie – de ma carrière de photographe, jamais je n'ai plié boîtiers et objectifs aussi tôt... La raison est bien simple et commence à devenir une (pénible) antienne du Download : The Offspring, pas de photographes, Marilyn Manson, pas de photographes – ou plutôt : sont autorisés seulement les VIP des VIP de la presse papier. J'ai cessé de fulminer contre ces aberrations médiatiques, en me gaussant souvent de certains résultats obtenus. Ce que le piston ne fait pas faire ! Mais enfin : mon jour viendra, je l'espère.
Qu'importe ! On fraie avec le public et on cause ici et là. On vadrouille, on déambule, on grimace de fatigue un peu, on observe ce que l'humanité a fait de mieux, voire de pire (car le Download s'est quelque peu peuplé, depuis la veille, et heureusement) : on croise un garçon qui dort avec sa corne de brume serrée contre son cœur, une jeune femme au VIP qui raconte n'importe quoi sur la profondeur de champ à un ami qui n'y comprend rien de rien, une belette blonde et tatouée aux allures de déesse qui détourne tous les regards même les plus fidèles, un ami pas vu depuis dix ans qui vous appelle au loin et qui n'a pas changé d'un sourcil, un couple qui porte le même tee-shirt comme preuve d'harmonie conjugale, une femme "d'un certain âge" qui visiblement connaît toutes les chansons d'Offrspring par cœur (ce qui, certes, ne nous rajeunit pas), des super-héros un peu trop ivres pour être vrais, des gens qui mangent et d'autres qui mangent encore, puis, finalement, on abandonne en se disant qu'on aurait vraiment bien aimé immortalisé Marilyn Manson, parce que ce fut notre idole il fut un temps, parce qu'on était capable de le faire et de réussir et que les circonstances sont parfois injustes, surtout lorsqu'elles ne sont pas justifiées. |