L'herbe est haute et le temps clément, allons gambader sur la BA 217 (ter) !
Histoire de bien commencer la journée, on se dit : allez, Starcrawler, ça a l'air cool ! Alors, sans sourciller, sans savoir ce qui va nous arriver, on s'y rend avec la ferme envie de réussir les photos de cette merveilleuse troisième journée, qui nous offre encore un climat idéal pour un festival outdoor. Mais voilà : on est d'abord choqué par la morbidité du corps de Arrow de Wilde (on s'y était néanmoins préparé en regardant quelques vidéos sur les internets mondiaux), et puis, surtout, malheureusement, on cerne rapidement son (extrême) agressivité envers les présents dans la fosse. Posture ou réalité ? Peu importe, cela ruine littéralement toute envie d'écouter le groupe – et pourtant, le jeune guitariste, Henri Cash, se débrouille à merveille.
Comme il faut toujours des choses à raconter en revenant d'un festival, je peux dire que j'ai sauvé ma peau (mon nez, en tous les cas), et un (cher) objectif grâce à mes seuls réflexes de survie. Et sinon, le live de Starcrawler ? Sans doute génial. Aussi "dirty" que "glam" rock. Mais chat échaudé craint l'eau froide, et Arrow de Wilde – qui finit par dégager les photographes au bout d'un seul titre – n'avait qu'à bien se tenir. Une prochaine fois, peut-être.
Du coup, on est bien contente quand on arrive devant ce qui va s'avérer LA découverte du jour : The Last Internationale. Ça fait du bien parce que c'est sain, et calé, et bluesy, et engagé, et charismatique. Chacun sa façon de faire. Parfaite harmonie, parfaite énergie de ces trois très bons musiciens relégués (quelle déception une fois encore) sur la petite scène ! Dommage, parce que, sur le fond et la forme, The Last Internationale se doit d'être un groupe connu et reconnu, tant il est mené d'une voix de maître par la pétillante et suave Delila Paz. A ne rater sous aucun prétexte.
Autre excellente surprise du jour : Graveyard. Graveyard, ce ne sont pas que des cheveux qui volent au vent, que des vestes en velours typées 70 's, c'est aussi un fond de scène ésotérique et un rock calé et bien pensé. A les regarder se préparer sur scène, on se demande bien quel son ces nordiques vont bien pouvoir sortir de leurs guitares... Mais point de viking metal, non, pour ces sympathiques Suédois. Un pur rock à l'ancienne, typé Led Zeppelin et Lynyrd Skynyrd, bref, on aime à la folie les accents blues rock qui reposent le cœur, les cervicales et les oreilles après deux jours forts en screams de toutes sortes.
En festival, tu sais que c'est le dernier jour lorsque tu comptes les groupes qu'il te reste à faire avant de repartir dans tes pénates provinciales. Mais enfin, sur les quatre groupes restants, trois vont sortir clairement du lot – bon ratio ! –, par leur folie, leur délire avec le public, leur envie de donner, de recevoir, dans des styles pourtant fort différents. Acmé totale de ce survolté Download !
Adam Grahn en particulier, leader de Royal Republic, aux allures grandissantes d'Elvis Presley, à la démarche chaloupée, au costume rutilant, égrenant sa pop-rock disco à souhait, galvanisante, rafraîchissante, en un mot : brillante !
Frank Carter, ensuite, fidèle à lui-même, qui monte dans le public à peine son show commencé. Il parle, beaucoup, offre une bouteille de champagne à un festivalier aux anges, saute, hurle, s'amuse avec le public qui peine à mettre en place son circle pit, se déchaîne à tout va – un show mémorable, comme à chaque fois... Corps en transe, surtatoué, hurlant. De fait, qualité visuelle oblige, impossible de se faire même une petite place dans le pit tellement le nombre de photographes a doublé en quelques minutes...
Pelle Almqvist, enfin, chanteur de The Hives, réputé pour faire des bonds ahurissants sur scène, et pour échauffer la foule déjà conquise et déjà en délire depuis deux heures...
On n'évoquera donc que peu Dead Cross, groupe époustouflant sur le papier (car accessoirement composé de Mike Patton et de Dave Lombardo, entre autres) mais rigoureusement inaudible en live. Trop expérimental – ou complexe, qui sait – pour moi, je ne tiens musicalement que les deux premiers titres...
Évidemment, cerise pourrie sur le gâteau, le destin nous prive encore de tête d'affiche, et qui plus est des Foo Fighters... A une prochaine, Dave Grohl...
Moralité, et sans langue de bois, j'ai eu la chance d'assister à ce que je considère comme la meilleure mouture de ces trois éditions du Download Festival France, et dans la prise en compte nette des quelques défaillances logistiques des années précédentes, et dans la programmation fine, variée, bien pensée. Il y aura, bien sûr, toujours des choses à redire, des pistes à suggérer, des détails à critiquer – le plus surprenant étant néanmoins que la machine "Live Nation" n'a pas réussi cette année à faire le plein, alors que tous les ingrédients étaient là pour afficher complet... Pour ma part, et comme chaque année, parce que je me suis éclatée photographiquement, musicalement et humainement, je n'ai qu'un espoir à confier : Download, à l'année prochaine ! |