Réalisé par Nathan Fisher. France/Etats Unis. Comédie/Romance. 1H23 (Sortie le 25 juillet 2018). Avec Damien Bonnard, Lindsay Burdge, Esther Garrel, Lola Bessis, Alice de Lencquesaing, Jacques Nolot et Françoise Lebrun.

En attirant dès son titre l'attention sur le personnage de Lindsay Burdge, "C'est qui cette fille" de Nathan Fischer se tire peut-être une balle dans le pied.

Car, il faut l'avouer, au premier abord, elle n'a rien pour susciter l'empathie des spectateurs. Surtout quand elle jette son dévolu sur un jeune homme moustachu (Damien Bonnard) qui, lui aussi, n'a a priori pas grand-chose pour plaire.

Ainsi, d'emblée, on sait qu'on n'est pas dans une comédie romantique, mais on se demande aussitôt dans quoi l'on est. Il faut vite convenir que le film comporte tous les symptômes de ce que Truffaut un "grand film malade".

Cette histoire d'une hôtesse de l'air américaine qui va abandonner l'uniforme pour vivre à Paris avec l'homme de sa vie se rapproche dans sa structure d' "Une histoire américaine" d'Armel Hostiou, film dans lequel Vincent Macaigne abandonnait tout pour courir à New York vivre auprès de celle qu'il aimait d'un amour fou sans retour.

Ici, Lindsay Burdge ressent le même amour insensé et obsessif pour un garçon qui, de son côté, n'a vu dans leurs ébats qu'une épisodique coucherie, d'autant plus que sa petite amie réapparaît.

Tout, au départ, on le redit, semble prédire un mauvais film de plus, à commencer par les séquences qui se déroulent dans la boîte de nuit tenue par Jacques Nolot.

Il faut voir qui jouent les vamps qui s'adonnent à la barre de la "pole dance" pour se demander effectivement si l'on n'est pas dans un nanar français. Voir Lola Bessis et Alice de Lencquesaing, charmantes actrices post-rohmériennes, chargées d'attiser de moites ardeurs masculines en étonnera plus d'un.

Mais, curieusement, l'accumulation d'éléments pour le moins étranges, pour ne pas dire saugrenus ou farfelus, n'a pas pour effet de "tuer" le film. Au contraire, peu à peu, ce film indépendant américain perdu dans les méandres de la France actuelle rétablit son équilibre.

On se surprend à lui chercher des devanciers, du "Signe du Lion" d'Eric Rohmer au méconnu "Clémentine Tango" de Caroline Roboh.

On trouve également le casting formidable, avec notamment Damien Bonnard en lointain successeur de Patrick Dewaere qui casse une nouvelle fois la baraque et qui n'attendra pas plus très longtemps ses galons de tête d'affiche.

De plus en plus intrigant à mesure que Lindsay Burdge s'enfonce dans une passion irraisonnable, "Qui est cette fille" de Nathan Fischer gagne peu à peu tous les spectateurs à sa nonchalance.

Ce film peu aimable, et qui ne revendique aucune indulgence, finit par se faire aimer. Une prouesse pour un film qui ne fait décidément rien comme les autres.