Discrète, une guitare s’avance, fière, rythmée comme une marche conquérante, elle entonne "C’est un monde qui a toujours le poing levé, c’est un monde où la masse s’est dispersée" ("C’est un monde"). Le décor est planté, L’ailleurs est présenté.
Pantalon destroy et bracelet de force, Lise Cabaret incarne une rébellion cloutée, le capillaire travaillé crasseux et la corde vocale semi-rocailleuse, elle s’élève sur le fil du rasoir, se brisant parfois au gré des salves électriques. Ce premier album est précédé d’un EP et d’un live, voici la version studio, plus intimiste composition de la dame.
Grunge oui mais avec du rouge à lèvres, les monologues de riffs s’assourdissent derrière les paroles assoiffées de liberté. En gros, la life est complètement merdique et si tu oses t’aventurer dans les ruelles de Paname la grande maquerelle du rêve, soit tu crèves pour une croûte de fromage comme un rat au fond d’une poubelle, soit tu aimes et tu peux encaisser les coups. Oui, ça fait mal. "Vivre à en crever et rêver, tomber par terre sans me relever, se saouler une nuit, se noyer dans ses veines, se cacher une nuit et crier sa haine" ("Nuit d’ivresse").
Certes, le sentiment est éculé mais jamais épuisé, depuis la môme et ses no-regrets, il n’est pas utile de compter le nombre de doux-rêveurs, ardents bâtisseurs d’ailleurs accrochés aux ailes des oiseaux, depuis les tréfonds du métropolitain aux trottoirs crottés. "C’est encore ce poison qui émane de mes lèvres, c’est encore ce démon qui me possède" ("J’ai besoin").
Les cordes pincées restent au second plan des déclarations passionnées de l’artiste. Elles vibrent avec un accordéon sur "Faim de toi", tourbillonnant au gré de l’amère vengeance découlant du râteau planté droit dans le cœur. Un piano s’invite sur "Le métro", tel des gouttes de pluie sur la tristesse des flux pressés de piétons indifférents à la flamme qui brûle dans le cœur de ses passagers.
Créatrice de l’album d’un bout à l’autre, Lise Cabaret a l’espoir chevillé au cœur et le capitalisme en ennemi juré. "Vivre de passion, d’amour et de fête" ("Par la fenêtre").
Ce week end c'était le Disquaire Day, l'occasion de rappeler que vos disquaires, comme vos libraires ont une santé fragile et qu'il est important de les soutenir tout au long de l'année. Alors allez acheter vos disques et vos livres dans vos commerces de proximités, leurs bons conseils valent mieux que les frais de port offerts.