Présentée à l'Atelier des Lumières en complément à l'exposition numérique consacrée à "Gustav Klimt", la monstration "Hundertwasser, sur les pas de la Sécession viennoise" se décline selon un dispositif analogue.
Réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi avec la collaboration musicale de Luca Longobardi qui transforment l'espace d'une ancienne fonderie parisienne en impressionnante boîte à images, elle propose une immersion dans l'oeuvre et l'univers de l'atypique peintre et architecte autrichien Friedensreich Hundertwasser. Et elle se révèle aussi passionnante qu'incitatrice à une découverte approfondie d'un artiste sans doute méconnu du grand public contemporain nonobstant ses réalisations urbanistiques ressortant à l'architecture organique.
Friedensreich Hundertwasser, le Peintre-roi aux Cinq peaux** de l'esthétique à l'éthique
Formé dans l'enfance à l'Ecole Montessori, autodidacte mais connaissant l'Histoire de l'art, Hundertwasser est un artiste engagé et actionniste qui élabore un credo artistique dérivé du surréalisme nommé "transautomatisme" qui condamne la ligne droite et exalte la courbe déclinée en spirale, formalise ses théories dans le "Traité de paix avec la nature", celle-ci étant considérée comme "la seule puissance créatrice supérieure dont dépend l’homme.
Sur une superbe bande-son dont un extrait de l'album électro "Uniko" du Kronos Quartet et du duo finnois Kimmo Pohjonen et Samuli Kosminen, se dévide un écheveau d'images empruntées à sa peinture, des toiles qu'il qualifie de "moissons du rêve**", et à son corpus graphique, dont le langage naïf et la palette de couleurs fauves évoquent la figuration chagallienne.
Ceux-ci président également à sa vision architecturale, inscrite dans la veine organique héritée du Jugendstil sans cependant verser dans l'ornementalisme, placée
sous obédience reconnue et assumée d'aînés référentiels admirés qui s'avèrent d'une grande amplitude stylistique, du modernisme catalan d'Antoni Gaudi à l'art brut du Facteur Cheval.
Militant écologiste avant l'heure et animiste prônant la symbiose de l'homme et de la nature, de sa Hundertwasserhaus à Vienne à son dernier projet, La Citadelle verte, en l'occurrence rose, sise dans l'ancestrale ville militaire de Magdebourg, avec leurs façades peintes caractérisées par des lignes serpentines et des compositions mosaïquées aux couleurs naturelles, Hundertwasser met en application ses convictions avec force manifestes tels celui de "la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture" ou "droit aux fenêtres".
Ainsi avec ses immeubles qui constituent autant d'architectures qualifiées de "visionnaires", prône-t-il la réappropriation de l’espace urbain par ses habitants, l'anarchie géométrique de la nature, l'intégration spatiale des arbres et la végétalisation des toitures bien avant le concept horticole de Patrick Blanc, en s'affranchissent de toutes les règles d'urbanisme et contraintes liées à l'organisation publique de l'espace urbain.
Envoutant donc.
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