"Si encore je t’avais abandonné pour parcourir le monde ou pour plonger dans l’ivresse d’une trépidante vie d’artiste, peut-être aurais-tu pu me fantasmer en père aventurier absorbé par des voyages extraordinaires mais non, j’ai toujours été là, à quelques encablures de ta chambre d’enfant, et pourtant si éloigné."
C’est la relation entre deux êtres, un père et son fils, que nous propose Marc Citti avec Sergent Papa, publié aux éditions Calmann-Lévy. Marc Citti est acteur, dramaturge, auteur, compositeur et interprète. Il a notamment travaillé sous la direction de Patrice Chéreau et de Jacques Audiard. Sergent Papa est son premier roman.
Mathieu est un comédien à la carrière essoufflée et au cœur fatigué. Prendre soin de lui et de sa famille n’a pas été la priorité de son existence. Après avoir quitté sa femme et son fils, il n’a pas été le père idéal, celui qui se préoccupe de son enfant, qui est présent lors des moments importants. Son fils a grandi, lui a vieilli en même temps et il commence à se rendre compte de ses erreurs.
Il tente de renouer avec son fils Antoine, musicien prodigieux, en pleine ascension, leader d’un groupe confirmé qui fait de nombreux concerts. Le livre démarre d’ailleurs lors d’un concert d’Antoine que son père est venu voir. La scène est son terrain de jeu favori et ses compositions de belles qualités. Il fait du rock, la musique que son père adore depuis toujours, empilant les vinyles et les laissant lorsqu’il quitta le foyer familial.
Quelques temps après ce concert qui les a vus se revoir, Mathieu est touché par une crise cardiaque dont il survit un peu miraculeusement. Les médecins lui annoncent qu’il va devoir changer sa manière de vivre et s’orienter vers une existence plus monacale. Terminé le paquet de Camel quotidien, terminées les beuveries fréquentes, terminés les psychotropes et la drogue. Place à la marche et l’activité physique.
Mais surtout, ses soucis de santé vont confirmer chez lui l’envie de renouer avec son fils, d’être plus présent, d’accepter ses erreurs pour tenter de revenir en arrière. On va alors suivre les tâtonnements d’un père et d’un fils autour de la reconstruction de leurs liens.
Le livre est construit autour de courts chapitres qui ont pour noms des titres de chansons anglo-saxonnes des années 70 de David Bowie, des Beatles et Joe Cocker notamment, artistes qu’écoutait Mathieu quand il était jeune, devenus des références pour son fils. De ce livre se dégage beaucoup de tendresse, entre ce père et ce fils qui se cherchent et qui, même séparés pendant longtemps, ont gardé comme attache la musique, cet héritage paternel symbolisé par les vinyles laissés par le père au fils. Le livre se termine par une superbe lettre du père adressé au fils.
Avec son premier roman, Marc Citti nous offre donc un livre plaisant dans lequel poésie et mélancolie se mêlent avec subtilité autour de sentiments qui se rallument entre deux êtres que le temps avait séparé. Rythmé par une bande son des années 70, Sergent Papa se lit comme on écoute de vieux vinyles qui nous rappellent que le temps passe bien vite. |